vendredi 14 juin 2019

Lundi 05 juin 2017


Je voudrais briser ce mur qui semble me séparer du monde.
Je me sens tellement  à l’extérieur du cercle parfois. Je les vois rire et s’amuser. Je n’arrive pas à en faire autant.
Il y a toujours cette chose qui me maintient à l’extérieur, même si j’essaie de participer à la vie.
L’abus sexuel, traumatisme physique et psychique. Qui sait ce qui se passe dans notre tête quand ça arrive ?
Je le ressens comme une déchirure. Une déchirure dans la tête. Un orage du cerveau. On dit que le cerveau disjoncte pour se protéger. C’est exactement ça, il n’y a pas d’autre mot que « disjoncter » pour le dire comme il faut.
Ça vaut pour n’importe quel traumatisme mais j’ai l’impression qu’on n’en parle pas assez pour l’abus sexuel. De plus en plus, je sais, mais pas encore assez à mon goût.
Cette déchirure m’a coupée du monde. Parfois j’arrive à traverser complètement la ligne, parfois je reste en retrait, avec l’impression d’être loin des autres, de la vie, de tout.
Il arrive que je m’amuse et que j’oublie complètement, pendant quelques heures, peut-être une journée, parfois exceptionnellement plusieurs jours de suite. Et puis ça revient. Ça revient toujours.
Je ne sais pas comment l’expliquer, disons simplement que ça retire au monde toute sa saveur, ses couleurs, sa beauté.
Même quand je me sens heureuse, c’est quelque part pas loin, à me rappeler combien le monde peut être gris et sale.

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