Je voudrais briser ce mur qui semble me
séparer du monde.
Je me sens tellement à l’extérieur du cercle parfois. Je les vois
rire et s’amuser. Je n’arrive pas à en faire autant.
Il y a toujours cette chose qui me maintient à
l’extérieur, même si j’essaie de participer à la vie.
L’abus sexuel, traumatisme physique et
psychique. Qui sait ce qui se passe dans notre tête quand ça arrive ?
Je le ressens comme une déchirure. Une
déchirure dans la tête. Un orage du cerveau. On dit que le cerveau disjoncte
pour se protéger. C’est exactement ça, il n’y a pas d’autre mot que
« disjoncter » pour le dire comme il faut.
Ça vaut pour n’importe quel traumatisme mais
j’ai l’impression qu’on n’en parle pas assez pour l’abus sexuel. De plus en
plus, je sais, mais pas encore assez à mon goût.
Cette déchirure m’a coupée du monde. Parfois
j’arrive à traverser complètement la ligne, parfois je reste en retrait, avec
l’impression d’être loin des autres, de la vie, de tout.
Il arrive que je m’amuse et que j’oublie
complètement, pendant quelques heures, peut-être une journée, parfois
exceptionnellement plusieurs jours de suite. Et puis ça revient. Ça revient
toujours.
Je ne sais pas comment l’expliquer, disons
simplement que ça retire au monde toute sa saveur, ses couleurs, sa beauté.
Même quand je me sens heureuse, c’est quelque
part pas loin, à me rappeler combien le monde peut être gris et sale.
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