mardi 29 juin 2021

Mardi 29 juin 2021

 

L’agresseur nous condamne au secret, et en faisant cela il nous oblige à réprimer nos émotions.

Parce que, quelqu’un qui nous verrait triste ou en colère nous poserait forcément des questions, auxquelles nous ne pourrions ni ne voudrions répondre…

 

L’agresseur transfère la honte et la responsabilité des actes sur nous, et cela nous détruit.

 

Mais nous ne pouvons rien dire, à cause du secret…

Et au bout d’un moment, c’est juste trop tard pour dire quoi que ce soit, car nous sommes trop submergé par la honte.

 

Au bout d’un moment aussi, la confiance en l’autre est rompue, brisée, perdue.

Parce qu’il y a ce que l’agresseur nous fait, mais aussi tous ces gens qui paraissent aveugles.

Et à qui parler, alors ? Qui comprendrait ? Qui nous croirait ?

 

On garde tout,  au fond de nous, en espérant que personne ne verra rien.

On se créé une identité, une image, une personnalité qui cache bien tout ça.

 

Et le secret nous verrouille toujours plus.

La honte, la rage, la haine, la tristesse nous bousillent de plus en plus à l’intérieur, mais personne ne peut le voir et même plus nous.

 

Toutes ces émotions voudraient sortir, mais les portes sont bien fermées et on a perdu la clé.

 

Alors, c’est le corps qui parle pour nous. C’est par lui que tout s’exprime.

Tout se détraque un jour, sans qu’on comprenne rien…

 

J’ai mal ici, j’ai mal là, et je ne sais pas pourquoi.

J’ai mal ici, et ailleurs aussi, mais je ne sais pas comment arrêter ça.

 

Comment ouvrir les portes, comment déverrouiller, alors qu’on sait que derrière se cache un torrent de larmes, et qu’on a peur d’en être submergé ?

Comment gérer cette colère que nous savons immense, si nous la libérons ?

Et la souffrance, qui doit être plus grande encore que ce que nous soupçonnons ?

Comment ouvrir des portes, de toute façon, dont on a perdu la clé ?

dimanche 27 juin 2021

Dimanche 27 juin 2021

 

On souhaiterait que l’agresseur valide notre vécu, qu’il dise « oui, c’est bien arrivé, oui j’ai bien fait tout ça »…

Parce qu’on pense que ça nous aiderait à avancer, on a besoin qu’il reconnaisse ses actes…

 

Mais ce n’est pas toujours possible.

Et quand l’agresseur nie ce qu’il a fait, c’est notre vie et notre traumatisme qui est nié.

 

C’est tout notre être qui est comme remis en question.

 

On a envie de disparaître, de mourir peut-être…

Mais disparaître n’est pas la solution.

 

Parce que, ce que l’agresseur nie, ce n’est pas nous, ni ce qu’il nous a fait vivre.

Ce qu’il nie, c’est ce qu’il est lui-même, et son propre reflet dans le miroir.

 

C’est son problème à lui, pas le nôtre, et c’est lui-même qui voudrait disparaître, si jamais il venait à regarder vraiment ses propres actes…

 

Il nie parce qu’il est incapable d’assumer.

 

Ce n’est pas à nous, victime, de remettre notre vie et notre vécu en question, sous prétexte que lui, l’agresseur, n’est pas capable d’admettre ce qu’il a fait.

 

Qu’est-ce que ça changerait, de toute façon, qu’il nous dise « oui, je l’ai fait » ?

Qu’est-ce que ça changerait au traumatisme, à la souffrance ?

Ça n’effacerait rien, et ça ne réparerait rien.

 

On n’a pas besoin des mots de l’agresseur pour se reconstruire.

 

Ne te laisse pas aplatir par le poids des dénégations.

Il est hors de question de vivre caché ou de mourir à petit feu.

 

Tu sais ce que tu as vécu, tu sais ce qu’il t’a fait. Vous savez, tous les deux…

 

La différence entre lui et toi, c’est que tu as été capable de regarder la vérité en face…

 

Ne nie pas ta vie et ta vérité, ne renie pas tout ça, juste parce que ton agresseur préfère se voiler la face.

 

Disparaître n’est pas la solution.

 

dimanche 20 juin 2021

Dimanche 20 juin 2021

 

Ce que l’on a vécu ne se remarque pas, parce qu’on a appris à être normal et faire comme les autres.

 

On vit, on rit, on s'amuse, comme tout le monde… Mais à l'intérieur c'est le cauchemar.

 

Le traumatisme reste invisible, personne ne peut le voir, à moins de le montrer, à moins d’en parler.

Il est bien là pourtant…

 

Peut-être que ceux qui ont souffert se reconnaissent entre eux dans les gestes, les mots ou le regard.

Mais pour les autres... Tant qu’on ne dit rien, personne ne peut le voir.

 

Et une fois qu'on a parlé, les gens doivent réapprendre à nous connaître, et nous aussi.

Parce que, à partir de ce moment, la donne change entre eux et nous, surtout pour nous.

 

Je me demande ce que ça donne vu de l'extérieur.

 

Est-ce qu'on a l'air plus "vrai", est-ce que les gens nous regardent d'une autre manière ?

 

Pour nous, parler change toute notre façon d'exister, notre façon d’être et de vivre.

 

Parler, c'est beaucoup plus que seulement raconter une expérience, un traumatisme, une souffrance.

 

C’est tout notre être que l’on dévoile, toutes nos failles qui sont montrées.

 

Et nous souhaitons que les autres remarquent les blessures, les cicatrices, à quel point tout cela fait partie de nous, comment ça nous a construit et comment ça nous a détruit…

 

Nous souhaitons qu’ils comprennent ce que ça nous a coûté de tout cacher, comment nous avons tenté de le crier, et à quel point c’est dur d’exister.

 

Depuis que j'ai parlé, j’ai l’impression d’être sortie du brouillard et de m’autoriser enfin à être moi-même.

Mais je ne montre pas tout, parce que je sais que beaucoup ne sont pas prêts à voir réellement la souffrance, qui est toujours là, et qui sera là pendant longtemps encore.

mercredi 16 juin 2021

Mercredi 16 juin 2021

 

Je ne sais pas ce que j’imaginais…

Je l’ai fait, j’ai dénoncé, j’ai fait sortir tout ça de moi, et pourtant je suis toujours la même.

 

Il faut toujours lutter pour se lever le matin. Et puis lutter contre la colère, le chagrin.

Il faut encore trouver la force de continuer.

 

Je ne sais pas ce que j’imaginais…

Je pensais que parler changerait les choses, en moi, et en dehors de moi. Et peut-être que les choses ont changé, mais le traumatisme est toujours là.

 

Mais il fallait le faire, peut-être, il fallait passer par tout ça… Et peut-être que je suis toujours la même, mais peut-être pas.

 

Certaines choses prennent du temps. J’ai posé un sac lourd de paroles que personne ne veut porter.

J’ai parlé et peut-être que quelqu’un a écouté, et peut-être que quelqu’un a entendu.

 

J’ai repris le sac avec moi, parce que j’aime le savoir bien gardé. Mais peut-être qu’un jour il sera enfin soulevé, par ceux qui doivent s’en occuper.

lundi 14 juin 2021

Lundi 14 juin 2021

 

Tu ne veux pas te souvenir de cette fille-là, parce que les souvenirs sont douloureux.

 

Souvenirs d’une autre vie, où tout semblait aller bien, tout semblait être normal.

Et plus rien n’est normal, plus jamais.

Mais tu as été et tu es celle-là aussi…

 

Et ce n’est pas douloureux pour les bonnes raisons…  Tu as fermé les portes du passé, tu as refermé derrière elle.

Elle était vivante, elle était innocente, et même si d’une certaine manière tout cela était faux, faussé, elle a existé réellement.

 

Il n’y a pas à avoir peur de se souvenir. Il n’y a pas à avoir peur d’être à nouveau elle, ou qu’elle soit à nouveau toi.

 

A rejeter trop de choses, on ne sait plus qui on est, à force.

Ce qui se passe actuellement efface tout le reste.

Or, le reste n’a pas à être effacé, jamais.

 

Tu as été celle-là.

Tu es passée par tout ça.

Tu es la somme de tes Moi.

Les Moi peureux, les Moi courageux, les Moi dépressifs, les Moi violés et les non violés.

 

Trouve-toi toi-même.

Retrouve-toi.

Retrouve ça.

 

Rassemble-toi.

Tu as l’impression de ne plus pouvoir le faire, mais tu peux le faire.