lundi 16 décembre 2019

Lundi16 décembre 2019


La plupart du temps nous ignorons la force qui est en nous.

On utilise toute notre énergie vitale à faire semblant.
Faire semblant de ne pas avoir vécu toutes ces horreurs, faire semblant d’être vivant alors qu’on se sent mort, faire semblant d’être heureux quand on est triste.

On se sent faible et misérable.
On encaisse, on serre les dents.
On voudrait dire, on ne dit pas.
On rase les murs et on ne devrait pas.

Mais qu’est-ce qui nous permet de supporter tout ce que nous supportons ?
Qu’est-ce qui nous permet de rester dans le silence, de faire comme si tout allait bien, de continuer à vivre d’une certaine façon ?

C’est cette force en nous que nous ne soupçonnons pas, dont nous n’osons pas voir l’existence.
On se sent tout sauf fort, et pourtant : on a bien tenu jusque-là…

On a tenu jusque-là, et on peut faire plus encore.
Peut-être arrêter de donner le change, et dire la vérité, même si elle ne plaît pas.
Peut-être affronter son abuseur, le confronter en face-à-face, lui dire toute notre haine, tout notre mépris.
Ne plus attendre d’excuses de sa part, car elles ne viendront pas.

Quoi qu’on décide de faire, on ne devrait jamais douter de ça : la force qui nous a permis de continuer à vivre malgré tout, peut nous aider à nous hisser plus haut encore, sur le chemin de la guérison définitive.

mercredi 11 décembre 2019

Mercredi 11 décembre 2019


Un abuseur n’est qu’une coquille vide.
On le croit fort uniquement parce qu’on se sent faible.
Il se croit fort uniquement parce qu’il s’attaque à des personnes faibles.
                     
Quand on se relève d’un coup et qu’on se met debout pour regarder son abuseur dans les yeux, on se rend compte qu’il faut baisser la tête pour le voir, parce qu’il est petit, tout petit… Alors que dans nos souvenirs il nous paraissait grand et puissant.
Mais c’est parce que nous avons grandi, alors qu’il est resté tel quel…

La honte, la peur de parler, la peur de bouger nous bloque pendant des années.
Nous nous sentons sales, souillés, inutiles.
Il est très dur de se dire que nous pourrons survivre à tout ça, sortir de cette grotte et respirer l’air pur, être vivant parmi les vivants…

Pourtant, nous avons quelque chose que les abuseurs n’ont pas : Nous n’avons rien fait de mal, nous n’avons rien à nous reprocher.
Eux si.
Il y a cette innocence-là que nous n’avons pas perdue.
Et que se passerait-il si le monde découvrait ce qu’ils nous ont fait ? Ils auraient d’énormes problèmes…

Et c’est cette vérité, cette force, dont nous pouvons nous servir comme d’un levier pour se relever.

Nous passons des années à nous étouffer dans le silence, par peur du regard des autres, ou du jugement des autres.
Cette peur est légitime, car parfois les mots à notre égard sont très durs.
Mais j’ai l’impression qu’elle vaut le coup d’être surmontée, parce que parmi les mauvaises langues il y  aura aussi de très belles personnes, prêtent à nous accompagner sur le chemin de la vérité et de la liberté.

Ce que l’on perd d’un côté, on le gagne de l’autre.
Et ce que l’on perd, au final, n’était pas important.

lundi 9 décembre 2019

Lundi 09 décembre 2019


Quelque chose est mort en moi et pourtant la vie trace son chemin.
Elle essaie, en tout cas.

Les larmes forment des ruisseaux, les ruisseaux forment des rivières qui à leur tour deviennent fleuves. Et ainsi jusqu’à l’océan…

Les larmes nourrissent les terres devenues arides après le passage des abuseurs.
A trop les retenir j’ai laissé peu de chance à la vie.

Je le sais pourtant.
Je sais qu’elles nettoient, comme la pluie de l’orage…

Il faut parfois se laisser emporter par un tourbillon d’émotions, se perdre peut-être, au moins un peu, dans la colère, la tristesse, pour retrouver le calme.
Et se remettre à voguer sur des eaux silencieuses.

Je n’ai pas assez écouté le cœur qui bat en moi.
La petite fille, l’adolescente, qui ne demandent qu’à vivre à nouveau, à travers moi.
Me voici donc à leurs ordres…
Que veux-tu, toi ? Exprimer ta colère ? Très bien, nous exprimerons notre colère…
Et toi, tu veux pleurer ? Alors nous pleurerons…

Il me faut revenir au cœur de ce que j’ai été pour être à nouveau, me sentir vivante.
Quelque chose est mort, mais rien n’est terminé.
La vie trouve toujours son chemin.

Comme les plantes, qui se replient en hiver, attendant le retour du soleil.
Sauf que là, le soleil, c’est à moi de le créer.

Vous ne croyez en rien, croyez au moins en vous, a dit le psychologue.

Croyez en vous.
Deviens ton propre soleil.

La vie trouve toujours son chemin, et tu trouveras le tien, même dans cette forêt qui te paraît très sombre.

vendredi 6 décembre 2019

Vendredi 06 décembre 2019




Je me rends compte que je ne suis pas une personne. Je suis une tour de contrôle.
Je suis peut-être adulte, mais j’ai grandi par accident, par nécessité.

Je suis celle du dehors, celle qui doit garder la tête froide, celle qui supervise.
Je suis celle qui fait avec ses bouts de ficelle, qui gère au  jour le jour.
J’interagis socialement avec le monde, et je contrôle mes émotions et pensées internes.

En dehors de leur souffrance, les autres parties de moi ont cette innocence, cette folie, cette insouciance que je ne peux pas me permettre d’avoir : il y a trop de choses à gérer.
Le monde des adultes est ennuyeux et froid, c’est leur vision des choses.
Et la mienne aussi, mais je ne peux pas tout leur autoriser.
Je décide ce qu’il est socialement acceptable de faire ou non, pour une femme de mon âge.
Mon corps vieillit, pas mon esprit, cela crée un fossé entre moi et le monde extérieur, un fossé qui s’agrandit d’année en année.

Je contrôle tout, les émotions qui veulent monter dans mon ventre, je verrouille, je verrouille pour éviter d’être submergée.
Je contrôle mon corps parfois pendant les relations sexuelles pour éviter d’avoir des flash-back.
Beaucoup moins maintenant, peut-être.
Mais ça arrive encore, quand je suis stressée, angoissée, que j’ai peur. Quand je sens que ça pourrait monter, revenir.

Quand je suis fatiguée aussi.
Parce que quand je suis fatiguée, je contrôle moins bien les choses.

Je contrôle tellement que, pendant le yoga, je dois me forcer à ressentir ce qui se passe à l’intérieur, les muscles qui bougent, le corps qui s’étire. Sinon je ne ressens rien et je ne comprends pas, je fais les gestes mécaniquement sans chercher plus loin.

Parfois, je plie, je laisse passer certaines émotions ou certains comportements, je laisse faire, j’autorise, ou  bien je n’ai pas le choix.
Ça me tiraille à l’intérieur, ça gronde, je ne peux pas lutter tout le temps ni gérer tout le temps tout.