Catherine Millet a récidivé. Elle va encore
plus loin. Analysons son discours…
« Mais par contre ça m'est arrivé d'avoir
des rapports sexuels avec des gens qui ne me plaisaient pas spécialement. Parce
que voilà c'était plus facile de céder à la personne. »
La différence entre un viol et une relation
sexuelle, c’est que déjà, le viol n’est pas du sexe. La personne qui nous viole
n’est pas juste « quelqu’un qui ne nous plaît pas », c’est quelqu’un
de brutal qui veut nous posséder, nous anéantir.
« Céder », c’est quand même faire
quelque chose qui nous n’avons pas envie de faire, « céder », c’est à
la limite du viol. Pourquoi avez-vous céder ? Qu’est-ce qui vous obligeait
à faire cela ? Etiez-vous contrainte, forcée, ou obligée par les bonnes
manières de partouze ? Il serait intéressant pour vous de réfléchir à ces
questions.
« Alors d'abord, une femme ayant été
violée considère qu'elle a été souillée, à mon avis elle intériorise le
discours des autres autour d'elle. »
Raté. Quand quelque chose que nous ne voulons
pas force notre intimité, nous nous sentons souillé, c’est comme ça. Un
entourage bienveillant et à l’écoute ne nous enlèvera pas notre sentiment de souillure.
Ça n’a rien à voir avec le discours extérieur, c’est quelque chose qui se vit
au plus profond de nous-mêmes.
« Dans ces cas-là, cet homme ne disposait
que de mon corps, mon esprit était ailleurs et ne gardait aucune trace qui pût
le hanter. D'ailleurs, quelle femme n'a pas connu cette dissociation de son
corps et de son esprit ? Laquelle ne s'est pas abandonnée à son mari ou à
son compagnon, la tête pleine des soucis de la journée ? Laquelle, sa peau
contre la peau d'un homme malhabile, ne s'est pas laissée aller au rêve d'être
avec un autre ? »
Là je ne sais pas par où commencer.
Effectivement, nous connaissons tous des
moments de « dissociation » où notre esprit s’évade pendant que nous
faisons quelque chose, par exemple lorsque nous conduisons sur un trajet que
nous connaissons par cœur.
Mais cette dissociation est totalement
différente de la dissociation provoquée par un traumatisme, qui est beaucoup
plus grave. Ne mélangez pas tout…
Ensuite, j’ai personnellement beaucoup de mal
avec le fait de « s’abandonner à son mari la tête pleine des soucis de la
journée » ou le fait de « se laisser aller au rêve d’être avec un
autre »…
En lisant cela je n’ai qu’une image en
tête : Monsieur a insisté ce soir, et cela fait plusieurs soirs de suite
que nous lui refusons notre corps, alors pour une fois, accordons-lui un peu de
notre temps.
Et pendant qu’il fait ce qu’il a à faire, je
ferai ma liste de courses, ou je penserai à Brad Pitt…
Je ne vois pas un rapport conjugal sain ici, à
la limite je vois un couple fatigué qui devrait se séparer. Certains y verront
les prémices du viol conjugal…
« S'il m'était arrivé d'être brutalement
contrainte à un rapport sexuel par un agresseur, ou des agresseurs, n'aurais-je
pas opposé de résistance, tablant que l'assouvissement de la pulsion ferait
retomber la violence. »
C’est ce que beaucoup de victimes ont fait, et
elles n’en sont pas moins traumatisées pour autant. C’est même plutôt le
contraire. Dans ce cas-là on se dit tous « j’ai laissé faire. Je ne me
suis pas défendu. C’est de ma faute, j’aurais dû me défendre, faire quelque
chose. » Ca a même un nom, on appelle cela la sidération…
« Une jeune fille avait été d'autant plus
sauvagement assassinée dans un train de banlieue qu'elle semblait avoir opposé
à l'homme qui avait voulu la violer une résistance acharnée. »
Voilà le conseil que vous êtes en train de
donner : « laissez-vous faire, sinon vous mourrez »… C’est très
dangereux de tenir un discours pareil en se rapportant à un seul fait divers.
Les victimes ont déjà bien assez de mal comme
ça à sortir la tête de l’eau, mais si vous leur faites en plus un discours
moralisateur sur la façon dont elles devraient se comporter ou auraient dû se
comporter… Parce qu’ici, vous culpabilisez une victime décédée de s’être défendue.
« Or l'enquête avait fait apparaître une
autre femme, victime des années auparavant, sur la même ligne de train, du même
violeur. Et celle-ci avait, au contraire, accepté la fellation que le violeur
exigeait, puis il l'avait laissée partir. Elle avait sauvé sa vie. »
« Elle a sauvé sa vie », mais quelle
vie ? De quelle vie parlons ici au juste ? Je ne dois pas être la
seule à me dire parfois que j’aurais préféré être morte plutôt que de continuer
à vivre avec ça.
Guérir d’un tel traumatisme, c’est y consacrer
sa vie. Entre dépressions et tentatives de suicide, entre psys et médicaments.
Comment va cette femme, finalement ? Quel est son état réel ? Le
savez-vous ?
« Peut-être la jeune fille catholique, si
elle avait lu de plus près saint Augustin et retenu l'enseignement de la
séparation de l'âme et du corps – que la première victime appliqua,
semble-t-il, d'instinct –, aurait-elle eu, elle aussi, une chance de sauver sa
vie, sans perdre son âme. »
La religion…
Saint-Augustin s’y connaissait-il en psycho-traumatisme ?
Pourquoi culpabiliser encore les
victimes ?
C’est peut-être ça qu’on devrait faire, on
devrait faire lire Saint Augustin à tous les enfants afin qu’ils comprennent
que n’importe qui peut jouer avec leur corps, ce n’est pas bien grave, leur
esprit restera intact…
J’ai été abusée sexuellement à deux ans et
demi, je n’ai pas eu le temps de lire Saint Augustin, de faire clairement la
distinction entre mon âme et mon corps, tout ce blabla. Un doigt dans mon
vagin, c’est pas grand-chose après tout, alors pourquoi il m’a fait faire tant
de cauchemars pendant toutes ces années ?
https://www.nouvelobs.com/societe/20180215.OBS2272/catherine-millet-s-explique-sur-son-regret-de-ne-pas-avoir-ete-violee-et-va-encore-plus-loin.html
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