vendredi 14 juin 2019

Mardi 20 février 2018


Catherine Millet a récidivé. Elle va encore plus loin. Analysons son discours…

« Mais par contre ça m'est arrivé d'avoir des rapports sexuels avec des gens qui ne me plaisaient pas spécialement. Parce que voilà c'était plus facile de céder à la personne. »
La différence entre un viol et une relation sexuelle, c’est que déjà, le viol n’est pas du sexe. La personne qui nous viole n’est pas juste « quelqu’un qui ne nous plaît pas », c’est quelqu’un de brutal qui veut nous posséder, nous anéantir.
« Céder », c’est quand même faire quelque chose qui nous n’avons pas envie de faire, « céder », c’est à la limite du viol. Pourquoi avez-vous céder ? Qu’est-ce qui vous obligeait à faire cela ? Etiez-vous contrainte, forcée, ou obligée par les bonnes manières de partouze ? Il serait intéressant pour vous de réfléchir à ces questions.

« Alors d'abord, une femme ayant été violée considère qu'elle a été souillée, à mon avis elle intériorise le discours des autres autour d'elle. »
Raté. Quand quelque chose que nous ne voulons pas force notre intimité, nous nous sentons souillé, c’est comme ça. Un entourage bienveillant et à l’écoute ne nous enlèvera pas notre sentiment de souillure. Ça n’a rien à voir avec le discours extérieur, c’est quelque chose qui se vit au plus profond de nous-mêmes.

« Dans ces cas-là, cet homme ne disposait que de mon corps, mon esprit était ailleurs et ne gardait aucune trace qui pût le hanter. D'ailleurs, quelle femme n'a pas connu cette dissociation de son corps et de son esprit ? Laquelle ne s'est pas abandonnée à son mari ou à son compagnon, la tête pleine des soucis de la journée ? Laquelle, sa peau contre la peau d'un homme malhabile, ne s'est pas laissée aller au rêve d'être avec un autre ? »
Là je ne sais pas par où commencer.
Effectivement, nous connaissons tous des moments de « dissociation » où notre esprit s’évade pendant que nous faisons quelque chose, par exemple lorsque nous conduisons sur un trajet que nous connaissons par cœur.
Mais cette dissociation est totalement différente de la dissociation provoquée par un traumatisme, qui est beaucoup plus grave. Ne mélangez pas tout…
Ensuite, j’ai personnellement beaucoup de mal avec le fait de « s’abandonner à son mari la tête pleine des soucis de la journée » ou le fait de « se laisser aller au rêve d’être avec un autre »…
En lisant cela je n’ai qu’une image en tête : Monsieur a insisté ce soir, et cela fait plusieurs soirs de suite que nous lui refusons notre corps, alors pour une fois, accordons-lui un peu de notre temps.
Et pendant qu’il fait ce qu’il a à faire, je ferai ma liste de courses, ou je penserai à Brad Pitt…
Je ne vois pas un rapport conjugal sain ici, à la limite je vois un couple fatigué qui devrait se séparer. Certains y verront les prémices du viol conjugal…

 « S'il m'était arrivé d'être brutalement contrainte à un rapport sexuel par un agresseur, ou des agresseurs, n'aurais-je pas opposé de résistance, tablant que l'assouvissement de la pulsion ferait retomber la violence. »
C’est ce que beaucoup de victimes ont fait, et elles n’en sont pas moins traumatisées pour autant. C’est même plutôt le contraire. Dans ce cas-là on se dit tous « j’ai laissé faire. Je ne me suis pas défendu. C’est de ma faute, j’aurais dû me défendre, faire quelque chose. » Ca a même un nom, on appelle cela la sidération…

« Une jeune fille avait été d'autant plus sauvagement assassinée dans un train de banlieue qu'elle semblait avoir opposé à l'homme qui avait voulu la violer une résistance acharnée. »
Voilà le conseil que vous êtes en train de donner : « laissez-vous faire, sinon vous mourrez »… C’est très dangereux de tenir un discours pareil en se rapportant à un seul fait divers.
Les victimes ont déjà bien assez de mal comme ça à sortir la tête de l’eau, mais si vous leur faites en plus un discours moralisateur sur la façon dont elles devraient se comporter ou auraient dû se comporter… Parce qu’ici, vous culpabilisez une victime décédée de s’être défendue.

« Or l'enquête avait fait apparaître une autre femme, victime des années auparavant, sur la même ligne de train, du même violeur. Et celle-ci avait, au contraire, accepté la fellation que le violeur exigeait, puis il l'avait laissée partir. Elle avait sauvé sa vie. »
« Elle a sauvé sa vie », mais quelle vie ? De quelle vie parlons ici au juste ? Je ne dois pas être la seule à me dire parfois que j’aurais préféré être morte plutôt que de continuer à vivre avec ça.
Guérir d’un tel traumatisme, c’est y consacrer sa vie. Entre dépressions et tentatives de suicide, entre psys et médicaments. Comment va cette femme, finalement ? Quel est son état réel ? Le savez-vous ?

« Peut-être la jeune fille catholique, si elle avait lu de plus près saint Augustin et retenu l'enseignement de la séparation de l'âme et du corps – que la première victime appliqua, semble-t-il, d'instinct –, aurait-elle eu, elle aussi, une chance de sauver sa vie, sans perdre son âme. »
La religion…
Saint-Augustin s’y connaissait-il en psycho-traumatisme ?
Pourquoi culpabiliser encore les victimes ?
C’est peut-être ça qu’on devrait faire, on devrait faire lire Saint Augustin à tous les enfants afin qu’ils comprennent que n’importe qui peut jouer avec leur corps, ce n’est pas bien grave, leur esprit restera intact…
J’ai été abusée sexuellement à deux ans et demi, je n’ai pas eu le temps de lire Saint Augustin, de faire clairement la distinction entre mon âme et mon corps, tout ce blabla. Un doigt dans mon vagin, c’est pas grand-chose après tout, alors pourquoi il m’a fait faire tant de cauchemars pendant toutes ces années ?
https://www.nouvelobs.com/societe/20180215.OBS2272/catherine-millet-s-explique-sur-son-regret-de-ne-pas-avoir-ete-violee-et-va-encore-plus-loin.html

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