Aujourd’hui
la société s’est approprié le corps des femmes.
Il
faut plaire aux hommes, plaire aux autres. Mais se plaire à soi-même ?
Comment,
en tant que victime de violences sexuelles, arriver à vivre dans un monde où
même notre corps ne nous appartient plus ?
Il
faut le montrer aux autres, parfait, sans aucun défaut, sans rien qui dépasse.
Un
jour, j’ai décidé de reprendre le contrôle de mon corps, et cette décision est
passée par… les poils…
Je
me suis rasée pour la première fois à seize ans, par refus de ma féminité.
Pour
moi, les poils signifiaient que mon corps était devenu adulte, et je ne voulais
pas de ça, ce corps d’adulte sexué et sexuel.
Je
sais que c’est complètement contre-intuitif par rapport à l’époque actuelle où
justement, ne pas avoir de poils est le summum de la féminité…
Mais
pour moi, c’était comme ça.
Un
jour, en colère contre ce corps qui grandissait, j’ai tout enlevé.
Et
je me suis dit que comme ça, je ne ressemblais plus à une femme…
Cela
me faisait très bizarre d’ailleurs, lorsque j’étais avec des hommes, plus tard,
de me sentir encore petite fille.
C’était
troublant, et pas dans le bon sens. Cela a sans doute contribué à me faire
faire des crises, à me rappeler ce que l’on m’avait fait.
J’ai
continué par la suite pour des raisons différentes : parce que la repousse
n’est jamais terrible, parce que c’est ce que la société attendait de moi,
parce que je n’aimais plus mes poils…
Avec
mon mari, j’ai commencé à avoir une autre réflexion sur le sujet.
J’avais
la volonté de me réapproprier mon corps, de décider de ce que je voulais en
faire, et surtout faire la paix.
J’ai
cessé de m’épiler certaines zones, et peu à peu tout le corps.
J’ai
réappris à vivre avec ce corps de femme adulte que j’ai tant voulu nier.
J’ai
appris à me sentir femme à l’intérieur de moi-même, plutôt qu’à dévoiler mon
corps de femme au-dehors.
Et
j’ai décidé que je me sentais mieux comme ça.
Cela
donne un rapport assez différent au monde.
Si
au début cela a été très dur, parce que j’avais peur des jugements et des
remarques, plus le temps passe et moins j’ai la sensation de devoir prouver
quelque chose.
L’avis
des autres ne m’inquiète plus.
C’est
mon corps, c’est moi qui décide ce que j’en fais.
Et
quand on a été victime, c’est doublement plus important de se donner le choix.
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