vendredi 14 juin 2019

Jeudi 25 avril 2019


Aujourd’hui la société s’est approprié le corps des femmes.
Il faut plaire aux hommes, plaire aux autres. Mais se plaire à soi-même ?

Comment, en tant que victime de violences sexuelles, arriver à vivre dans un monde où même notre corps ne nous appartient plus ?
Il faut le montrer aux autres, parfait, sans aucun défaut, sans rien qui dépasse.

Un jour, j’ai décidé de reprendre le contrôle de mon corps, et cette décision est passée par… les poils…

Je me suis rasée pour la première fois à seize ans, par refus de ma féminité.

Pour moi, les poils signifiaient que mon corps était devenu adulte, et je ne voulais pas de ça, ce corps d’adulte sexué et sexuel.

Je sais que c’est complètement contre-intuitif par rapport à l’époque actuelle où justement, ne pas avoir de poils est le summum de la féminité…

Mais pour moi, c’était comme ça.

Un jour, en colère contre ce corps qui grandissait, j’ai tout enlevé.
Et je me suis dit que comme ça, je ne ressemblais plus à une femme…

Cela me faisait très bizarre d’ailleurs, lorsque j’étais avec des hommes, plus tard, de me sentir encore petite fille.

C’était troublant, et pas dans le bon sens. Cela a sans doute contribué à me faire faire des crises, à me rappeler ce que l’on m’avait fait.

J’ai continué par la suite pour des raisons différentes : parce que la repousse n’est jamais terrible, parce que c’est ce que la société attendait de moi, parce que je n’aimais plus mes poils…

Avec mon mari, j’ai commencé à avoir une autre réflexion sur le sujet.

J’avais la volonté de me réapproprier mon corps, de décider de ce que je voulais en faire, et surtout faire la paix.

J’ai cessé de m’épiler certaines zones, et peu à peu tout le corps.

J’ai réappris à vivre avec ce corps de femme adulte que j’ai tant voulu nier.

J’ai appris à me sentir femme à l’intérieur de moi-même, plutôt qu’à dévoiler mon corps de femme au-dehors.

Et j’ai décidé que je me sentais mieux comme ça.

Cela donne un rapport assez différent au monde.
Si au début cela a été très dur, parce que j’avais peur des jugements et des remarques, plus le temps passe et moins j’ai la sensation de devoir prouver quelque chose.

L’avis des autres ne m’inquiète plus.

C’est mon corps, c’est moi qui décide ce que j’en fais.
Et quand on a été victime, c’est doublement plus important de se donner le choix.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire