Elle
essaie d’être normale sans vraiment y parvenir. Elle trouve toujours que ça
sonne faux.
Elle
se demande comment font les autres.
Elle,
elle doit se forcer pour être sur le mode normal. Elle ne sait même pas ce que
ça veut dire, être normal, agir normalement.
Elle
enfreint constamment les règles, parce qu’elle ne les connaît pas. Et parce
que, quand elle les connaît, elle ne les comprend pas.
Il
y a beaucoup de règles tordues comme ne pas dire ce qu’on ressent, faire comme
si tout allait bien, ne pas dire toutes les vérités. Et elle, ça l’agace d’y
réfléchir.
Elle
a gardé cette sauvagerie naturelle de l’enfance, cette candeur qui la pousse à
faire un peu tout comme elle veut, comme elle le ressent. Elle refuse de s’en
débarrasser. Elle refuse de se dire Je suis adulte et je dois me comporter
comme ceci et non plus comme cela.
Elle
n’a jamais compris pourquoi être adulte incluait tout un tas de règles de
politesse et d’hypocrisie inutiles qui font plus de mal qu’autre chose.
Elle
essaie, mais elle n’y arrive pas. Ça la pousse à jouer un rôle, à devenir ce
qu’elle n’est pas.
Elle
se sent mal quand elle est obligée d’enfiler sa peau d’adulte pour entrer dans
le moule. Elle n’est pas à sa place,
elle le sait.
Et
puis ça la déchire intérieurement. Elle entend toutes ses voix qui crient Ce
n’est pas toi, Ce n’est pas honnête !
Elle
voit le monde avec ses yeux d’enfant, ça la rend triste. Toute cette magie
perdue, toute cette folie anéantie. Ce sérieux dans le regard des adultes, dans
leurs paroles, dans leurs gestes. Cette froideur.
Tout
est calculé, rien ne dépasse jamais.
Etre
normal, quand on est adulte, c’est être triste, voilà ce qu’elle pense.
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