vendredi 14 juin 2019

Dimanche 05 mai 2019


On parle beaucoup de libérer la parole.
Il faut parler, il faut dire, il ne faut pas rester seul dans le silence… C’est vrai.

Mais comment parler quand on n’a pas de mémoire ?

Comment libérer un enfant ou un adulte dissocié, qui vit sa double vie comme le jour ignore la nuit, qui met un voile sur ce qu’on lui a fait ?

Qui aurait pu me mettre en confiance, m’aider à parler, tant que je ne m’étais pas souvenue ?

Personne.

Ma mémoire était complètement verrouillée, jusqu’aux déclics qui lui ont permis de s’ouvrir.

Et ces déclics, on ne peut pas les provoquer, de même que dire « parle, et je te croirai » ne provoquera pas automatiquement la confiance…

Il y a des choses que l’on peut dire, des symptômes à surveiller, des mots à écouter.
Car les enfants disent, avec leurs propres mots, et nous ne comprenons pas toujours…

Il y a des choses qu’un enfant éviterait de faire ou ferait trop, des réactions qu’il pourrait avoir à nos paroles ou à nos gestes.

De multiples détails…

Et si on passe à côté, tout est perdu.

Je ne crois pas une libération de la parole quasi instantanée.

En tant qu’enfant, on s’enferme, et l’adulte que nous devenons vit emprisonné.

Il faut beaucoup de temps. Il faut mettre en confiance, se montrer présent, à l’écoute.

Aborder le sujet lentement, créer une ouverture.
Laisser chacun aller à son rythme de prise de conscience, laisser réfléchir à dire ou ne pas dire.

Et une fois tout cela fait, il faut encore ne pas couper la parole, bien choisir ses mots, ne pas remettre en doute.

Ne pas montrer sa propre souffrance liée aux révélations.

Et encore tellement d’autres choses…

Tout cela est très long, de même que la mémoire se libère petit à petit, à mesure que nous grandissons, pour nous qui avons oublié…

C’est un temps de travail, une maturation nécessaire.

Si nous voulons bien faire, il faut malheureusement ne pas faire trop vite ni trop fort.

A risquer de vouloir faire éclater absolument la parole, faire naître la vérité, on pourrait créer encore plus de souffrance.

S’ouvrir, parler, oser, ça prend du temps.

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