mardi 31 mars 2020

Mardi 31 mars 2020


Entendre les oiseaux chanter comme autrefois.
Leur chant, comme un apaisement…

Et pourtant, ces sons me rappellent aussi des moments douloureux de ma vie.
Certains printemps où je me sentais vraiment mal, et malgré tout les oiseaux continuaient de chanter…
Certains étés où je me sentais toujours aussi mal, et malgré tout le soleil continuait de briller…

Parfois tout cela est rassurant : le printemps revient toujours après l’hiver, et ce cycle naturel apporte un certain réconfort.

Mais parfois, ça ne change rien à la situation…

Après ces hivers que j’ai passés blottie, cachée, emmitouflée, dans ce corps que je ne comprenais pas et que je n’aimais plus,
Venaient ces printemps lumineux et florissants au cours desquels je n’ai jamais ressenti que le dégoût de moi-même…
Et puis ensuite encore, ces étés passés dans une horrible gêne, à cause de la chaleur étouffante qui pesait encore plus sur mon corps, et où tout le monde semblait heureux sauf moi.

Mais j’essayais tout de même d’y voir des promesses de jours nouveaux et joyeux.
J’essayais d’y croire.
Croire au bonheur, croire que le chant des oiseaux et les rayons du soleil m’apporteraient ce qui me manquait.
Même si je ne savais pas quoi, même si je ne savais pas ce qui clochait tant chez moi, même si je ne comprenais rien…

Aujourd’hui j’entends les oiseaux et je me souviens de tous ces moments où je me sentais sale.
Ces moments où j’avais l’impression de n’être à la hauteur de rien, où je n’existais pas vraiment.

Et je sens que quelque chose a changé.

J’ai changé.

J’ai appris à ne pas avoir honte.
J’ai appris à ne plus me taire.
J’ai appris à m’aimer, à aimer mon corps.
J’ai appris à ne plus me laisser faire.

Et le chant des oiseaux, le retour du printemps, cette année, me font moins mal à l’intérieur.
Leur chant, comme un espoir…

lundi 30 mars 2020

Lundi 30 mars 2020


Un jour après l’autre, et un pas après l’autre…
Je me réveille le matin en me demandant "Comment je me sens aujourd’hui ?", et puis j’écris…

Comme si l’écriture repoussait les démons ou aidait à mieux les combattre.
Parce que, quand ils sont posés sur le papier, ils semblent moins dangereux, diminués, et surtout ils sont hors de moi.
Je referme le cahier et je les étouffe sous les pages…

Puis j’essaie de vivre ma vie comme si de rien.

Mais l’encre ne suffit pas toujours à panser les blessures, et je sens remuer le passé dans mon ventre.
Alors j’essaie de me rappeler : un jour après l’autre…

Ce qui est dur dans le fait de ne pas sortir, c’est que je ne peux pas échapper aux démons du passé, du moins est-ce plus difficile…
Ils virevoltent dans la pièce, sur la page, dans ma tête.
Ils s’étalent quoi que je fasse et je ne peux plus fuir.

Mes pensées s’égarent en tourbillon quand j’écoute de la musique, et la musique est largement préférable au silence.

Ce silence pesant qui m’entoure depuis que je suis décidée à ne plus me taire….
S’il est parfois douloureux, je pense en tirer avantage : le silence des gens, après tout, ne doit pas m’empêcher de continuer à parler.

Ce silence est une vaste plaine qui laisse toute la place à mes cris.

Ils m’entendent, je le sais, même s’ils ne disent rien.
Ils me voient même s’ils font comme si j’étais invisible.
Et ils écoutent même s’ils donnent l’impression de ne pas être là.

Un jour après l’autre, et plusieurs combats à mener sur une même ligne de front : le passé qui remue, un avenir incertain, et un silence inquiétant… Mais je refuse de me laisser abattre.

vendredi 27 mars 2020

Vendredi 27 mars 2020 Trauma, virus et confinement


On a beau tout faire, il est difficile de ne pas avoir toutes ces angoisses, difficile de ne pas tourner en rond.
J’essaie de m’occuper sans y parvenir.

Mon esprit travaille, en arrière-plan, me rappelant toutes mes colères, toutes mes peurs passées et présentes.

Je me suis déconnectée de toute actualité, mais l’actualité me rattrape de diverses manières et ne me lâche pas.
C’est trop à gérer.
Le trauma, mes inquiétudes grandissantes pour mes proches, mon inquiétude pour l’avenir.

Le monde que je connais a été balayé, soufflé, dévasté.

Nous sommes tous comme sur un pont suspendu, branlant, qui menace de s’écrouler à tout moment.
Et j’imagine que nous le ressentons chacun à notre manière, à divers degrés.

L’épuisement et marre de tout.
La colère et l’envie de rien.
Garder le sourire mais l’angoisse reste et remue.
Laisser tomber et vouloir oublier, être ailleurs…

Ouvrir un livre pour se changer les idées, mais ne pas parvenir à se concentrer sur les pages…

Le seul avantage d’avoir été déjà traumatisé, c’est qu’on reconnaît le fonctionnement du trauma, on connaît déjà ces angoisses, ces peurs, ce stress.
On sait y résister, vivre avec, y survivre.
Même si on ne s’en rend pas forcément compte.

Je peux voir les rouages de la dépression se mettre en place…
Mais je te connais, chère dépression, je sais qui tu es, comment tu fonctionnes, et j’ai déjà lutté contre toi maintes fois. Je suis tombée bien bas, mais j’ai toujours su me relever… Tu ne m’auras pas cette fois non plus.

mardi 24 mars 2020

Mardi 24 mars 2020 Trauma, virus et confinement


Apprendre à vivre avec les angoisses présentes et celles du passé qui peuvent ressurgir à tout moment…

Hier j’ai décidé de faire une pause. Ne plus regarder les actualités anxiogènes qui s’enchaînent avec une rapidité folle.
Me recentrer un peu plus sur moi, mes désirs, mes besoins, ma famille.

Puisque tout peut arriver, et d’autant plus à l’heure actuelle, il est nécessaire de se protéger psychologiquement dans la mesure du possible.
Garder un moral fort. Et pour cela donc, se préserver.

Il y a déjà assez à lutter avec le trauma, autant s’en rajouter le moins possible avec ce qui arrive en ce moment.

Je me prépare au pire, je me prépare à perdre des proches, peut-être, et je me prépare à affronter une maladie certainement pire que tout ce que j’ai connu…

Mais pour être prêt à affronter tout ça, il faut garder un minimum de recul sur la situation et aussi une humeur à toute épreuve.

Il est important de se faire du bien et de prendre au vol toute chose positive, même la plus petite attention, le moindre détail qui peut être insignifiant en temps normal, n’importe quoi qui nous fasse du bien.

N’importe quoi qui nous rappelle à la vie.
N’importe quoi qui nous fasse sourire.
N’importe quoi qui nous donne un peu de force.

Je crois qu’il est important de s’accrocher aux branches, même les plus petites, même si elles nous semblent fragiles et tenir de peu de chose.

Un jour après l’autre, on peut tenir, on peut y arriver…