vendredi 24 juin 2022

Vendredi 24 juin 2022

 

Donc, beaucoup de problèmes ont été résolus dans ma vie, mais le trauma est toujours là, bien vivant, bien présent.

 

Et je me rends compte que j’ai toujours été en guerre contre le trauma.

Toujours en révolte, jamais dans l’acceptation ou la tentative de le comprendre.

 

Parce que le trauma, c’est cette partie de moi trop noire et trop négative que j’ai tenté d’effacer.

Cette partie de moi qui se sent sale, qui n’a aucun espoir, qui pense à la mort sans arrêt, et qui ne croit pas pouvoir être sauvée.

C’est une nuit noire et profonde remplie de monstres, dans laquelle j’ai peur de plonger.

 

J’ai pris conscience que, sur cette page, je n’ai pas souhaité parler de la nuit noire, pas voulu parler des monstres, parce que j’ai voulu faire attention et ne pas risquer de désespérer quelqu’un d’encore plus désespéré que moi, quand je suis plongée dans le trauma.

 

Alors, quand je suis dans la nuit noire, je n’écris pas. Parce que cela pourrait moi-même me pousser au suicide.

 

Mais le fait est que, plus on repousse le trauma et plus il revient à la charge, régulièrement, pour dire « non, tu ne vas pas bien, et ici ce n’est pas le pays des merveilles ».

 

Il est possible que ma vie entière soit faite de ça, de moments où je vais bien, et de moments où le trauma se réveillera.

Il est possible que, quoi que je fasse, les choses se passent comme ça.

 

Mais j’ai quand même envie d’essayer différemment, pour une fois, essayer de comprendre, essayer d’accepter cette partie de moi si négative et si désespérée.

 

Et donc, désormais, j’écrirai aussi quand je ne vais pas bien.

J’écrirai aussi les désirs de morts, les envies de suicide, et la manière dont je perçois le monde et la vie quand le trauma me submerge.

 

Ce n’est pas forcément ici que j’écrirai, parce que j’ai peur que ce soient des textes trop violents et trop noirs, et je souhaite que cette page reste définitivement tournée vers l’espoir, parce qu’il y en a.

 

Mais je n’ai plus envie d’avoir la sensation de mentir et de faire croire que c’est facile de choisir la vie ou de rester debout. Car je sais que ça ne l’est pas.

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PDF Journal d'une reconstruction 2014-2022

 

 

mardi 14 juin 2022

Mardi 14 juin 2022

 

Les bouffées d’angoisse au réveil, c’est parce que je dois tout me rappeler.

Il faut que je me souvienne quel jour on est.

Où je suis.

Et ensuite, le plus dur : qui je suis…

 

Je suis celle qui a vécu ÇA, celle qui a fait tout ça, je suis celle-là…

 

Un jour quelqu’un m’a demandé « qu’est-ce qui provoque les angoisses ? ».

Dans la liste, parmi tout le reste, il y avait principalement « Juste penser à ma vie »

Parce que rien que ça, ça suffit…

 

Il y a ce qu’on m’a fait.

Et il y a ce que je fais depuis le début pour survivre.

Ça, c’est pas mal de s’en souvenir, en vrai. Pas si mal. Mais c’est le combat, cette lutte de tous les jours.

 

Une lutte qui continue chaque matin, dès le réveil.

C’est pas normal d’avoir à lutter comme ça, je le sais et tout le monde le sait.

 

On dit que je suis courageuse. J’ai l’impression que rien n’est moins vrai.

Je me lève chaque matin avec la peur au ventre, la peur de vivre et de devoir me battre encore.

 

Et chaque matin, je me rappelle pourquoi je suis encore là.

 

Pour moi ça n’a rien d’héroïque parce que c’est de la survie.

Parce que, quand on est trop souvent proche de la mort, il y a comme un déclic à l’intérieur, qui pousse pour continuer à vivre.

 

Parce que la vie veut être la vie et rien d’autre.

Il n’y a pas tellement de mystère ou de secret, il n’y a que ça : la vie qui refuse l’éventualité de la mort, et qui te poussera à continuer de vivre, quoiqu’il arrive.

Jusqu’à ce que tu sois trop épuisé pour te lever vraiment. Et même encore là, c’est possible qu’elle pousse encore…

 

Alors je me réveille, et j’ai l’angoisse de devoir rester en vie malgré tout ça.

L’angoisse d’avoir toutes ces choses à faire, et à refaire encore.

Et puis me souvenir de ce qui m’a faite telle que je suis et de ce qui fait que je suis toujours là, toujours présente, un pied devant l’autre…

 

vendredi 3 juin 2022

Vendredi 03 juin 2022

 

Je suis désolée de dire ce que je vais dire, mais c’est la vérité.

 

La vie n’a pas plus de sens après avoir parlé qu’avant.

 

C’est toujours le même foutu trauma, et la même foutue vie.

Avec, en plus, le trauma de s’être battue pour faire entendre sa voix.

 

Je ne sais pas ce que j’imaginais.

 

Peut-être que je pensais qu’une fois l’histoire racontée, sortie de moi, le trauma s’évaderait pour vivre sa propre vie, ailleurs, et le plus loin possible.

 

Peut-être que je pensais qu’affronter l’agresseur me rendrait plus forte, plus sûre de moi.

 

Mais c’est faux.

Je suis la même personne dans le même corps, et si l’agresseur est vaincu, le trauma est loin de l’être.

 

Alors, à quoi m’a servi tout ça ?

J’espère qu’un jour j’aurais la réponse.

 

Souvent j’ai lu des livres qui, en somme, racontaient cette histoire : mon agresseur m’a violée, j’ai souffert, je suis allée en justice, et depuis je vais mieux, j’ai pu reprendre le cours de ma vie…

 

Les livres se terminent toujours sur une note positive du genre, « voilà une page de mon histoire qui se tourne, enfin ».

 

Et les livres mentent.

Parce que le trauma te renvoie toujours à la même page, bien que tu essaies de changer.

 

Moi, je voulais savoir ce qui se passe après. J’ai vu.

Pour l’instant, je ne vois rien d’autre que le néant.

 

Ce n’est peut-être qu’une phase, ce n’est peut-être rien dans ce qui m’attend réellement pour l’avenir.

Car après tout, je n’ai plus à avoir peur de me cacher. Je n’ai plus à faire semblant d’être ce que je ne suis pas.

 

J’ai crié au monde que je suis une fille violée, et la grande avancée c’est que je peux enfin m’autoriser à être moi-même. Avec mes souffrances, avec mes cicatrices.

 

Je voulais n’écrire rien de déprimant, pour ne tirer personne vers le bas.

Mais je ne peux pas, et je veux dire la vérité.