Cette page est née de la colère. Une colère normale et légitime. Mais ce
n’est qu’une partie de moi qui s’exprime ici. La partie blessée, la partie
détruite.
Je suis un puzzle. Je ne comprends pas moi-même toutes les pièces. Je ne
sais pas si elles s’emboîteront un jour.
J’ai regardé l’autre jour cette émission, "Dans les yeux
d’Olivier : rescapés, le retour à la vie", et il y avait cet homme
qui avait perdu la mémoire de ses trente premières années de vie.
Il a passé quelques temps à essayer de se souvenir, jusqu’au jour où il a
finalement décidé de vivre sa nouvelle vie, au lieu de chercher et chercher
encore à se souvenir du passé.
Ce reportage m’a touchée. Je sais que je ne suis pas dans sa situation, que
la mienne est différente : j’ai un traumatisme qui ressurgit régulièrement, de
manière consciente ou non, et même si je ne me souviens pas de tout, ma mémoire
semble vouloir m’envoyer des messages.
Et ces messages sont particulièrement gênants, ils m’empêchent de vivre
correctement ma vie.
Je sais que par rapport à ma situation, retrouver la totalité de ma mémoire
serait le mieux pour moi.
Mais parfois nous n’avons pas le choix. Il faut savoir arrêter les
recherches pour se consacrer au présent.
J’ai passé ces trois dernières années penchée sur mon passé, à me souvenir
de tout ce que je pouvais me souvenir. Et avant cela, j’avais passé de
nombreuses années à me lamenter sur tout ce qui a été perdu.
Si rien d’autre ne vient, je vais devoir me faire une raison.
Et je réfléchis actuellement à cela…
S’ajoute à tout ça le fait que ces derniers temps la colère m’a plus
particulièrement guidée que la raison. Et quand je laisse cette partie de moi
prendre les rênes, ça finit toujours mal.
J’essaie ces derniers jours de me concentrer sur la partie de moi la plus
complète, la plus apaisée.
La dissociation m’a éclatée et je dois gérer plusieurs éclats de ma
personnalité. Mais je n’avais jamais fait le choix conscient d’écarter une
partie pour me concentrer sur une autre. Ça a l’air de marcher, et je suis
surprise.
Évidemment, le fait que je me sente actuellement apaisée, que je me
concentre sur cette partie de moi, ne signifie pas que la colère est morte et
que les problèmes sont réglés.
Pour le moment, je trouve simplement bon de savoir que je peux avoir un
certain contrôle sur les différents "mouvements de personnalité" ou
mouvements d'âme qui agissent en moi.
Je me questionne aussi sur le fait qu’il y ait cette partie de moi qui
existe, cette partie "complète", "saine", qui ne semble pas
détruite, qui est heureuse, qui aime la vie et l’amour. Comme si j’avais fait
une sauvegarde de ce que je suis avant que le traumatisme ne m’éclate.
Je prends le temps de m’observer, je me regarde comme à la loupe, j’essaie
de comprendre...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire