vendredi 14 juin 2019

Mercredi 02 mai 2018


Cette page est née de la colère. Une colère normale et légitime. Mais ce n’est qu’une partie de moi qui s’exprime ici. La partie blessée, la partie détruite.
Je suis un puzzle. Je ne comprends pas moi-même toutes les pièces. Je ne sais pas si elles s’emboîteront un jour.
J’ai regardé l’autre jour cette émission, "Dans les yeux d’Olivier : rescapés, le retour à la vie", et il y avait cet homme qui avait perdu la mémoire de ses trente premières années de vie.
Il a passé quelques temps à essayer de se souvenir, jusqu’au jour où il a finalement décidé de vivre sa nouvelle vie, au lieu de chercher et chercher encore à se souvenir du passé.
Ce reportage m’a touchée. Je sais que je ne suis pas dans sa situation, que la mienne est différente : j’ai un traumatisme qui ressurgit régulièrement, de manière consciente ou non, et même si je ne me souviens pas de tout, ma mémoire semble vouloir m’envoyer des messages.
Et ces messages sont particulièrement gênants, ils m’empêchent de vivre correctement ma vie.
Je sais que par rapport à ma situation, retrouver la totalité de ma mémoire serait le mieux pour moi.
Mais parfois nous n’avons pas le choix. Il faut savoir arrêter les recherches pour se consacrer au présent.
J’ai passé ces trois dernières années penchée sur mon passé, à me souvenir de tout ce que je pouvais me souvenir. Et avant cela, j’avais passé de nombreuses années à me lamenter sur tout ce qui a été perdu.
Si rien d’autre ne vient, je vais devoir me faire une raison.
Et je réfléchis actuellement à cela…

S’ajoute à tout ça le fait que ces derniers temps la colère m’a plus particulièrement guidée que la raison. Et quand je laisse cette partie de moi prendre les rênes, ça finit toujours mal.
J’essaie ces derniers jours de me concentrer sur la partie de moi la plus complète, la plus apaisée.
La dissociation m’a éclatée et je dois gérer plusieurs éclats de ma personnalité. Mais je n’avais jamais fait le choix conscient d’écarter une partie pour me concentrer sur une autre. Ça a l’air de marcher, et je suis surprise.
Évidemment, le fait que je me sente actuellement apaisée, que je me concentre sur cette partie de moi, ne signifie pas que la colère est morte et que les problèmes sont réglés.
Pour le moment, je trouve simplement bon de savoir que je peux avoir un certain contrôle sur les différents "mouvements de personnalité" ou mouvements d'âme qui agissent en moi.
Je me questionne aussi sur le fait qu’il y ait cette partie de moi qui existe, cette partie "complète", "saine", qui ne semble pas détruite, qui est heureuse, qui aime la vie et l’amour. Comme si j’avais fait une sauvegarde de ce que je suis avant que le traumatisme ne m’éclate.
Je prends le temps de m’observer, je me regarde comme à la loupe, j’essaie de comprendre...

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