Un jour, alors que je faisais du vélo en
forêt, j’ai aperçu un homme en train de se masturber. Il était là, assis, son
sexe à l’air, son vélo posé à côté. J’ai pédalé aussi vite que j’ai pu pour
m’éloigner. Je ne voulais pas qu’il ait l’idée de monter sur son vélo pour me
suivre.
Un autre jour, toujours en forêt, un homme m’a
poursuivie en scooter. Il voulait que je m’arrête. J’ai pédalé très vite
jusqu’à la fin de la forêt, jusqu’à la civilisation, où je savais qu’il me
laisserait tranquille. Il me suivait mais a abandonné quand je suis arrivée
près des premières maisons.
Je ne suis jamais allée en forêt seule à pied,
toujours à vélo. Le vélo me permettait de fuir assez rapidement en cas de
problème… j’ai sans doute eu raison…
Après ces deux aventures, j’ai cessé de faire
du vélo en forêt, je me baladais plutôt en ville. Alors que nous avions la
chance d’avoir une forêt à proximité pour se promener, je n’y suis plus jamais
retournée seule.
Un jour j’ai eu l’impression qu’un mec me
suivait et j’ai fait des tas de détours pour rentrer chez moi. C’était
peut-être une fausse frayeur, c’était peut-être réel. Une fois rentrée à la
maison j’étais juste contente d’être saine et sauve.
Quand j’étais au lycée, on m’avait montré un
raccourci pour aller du lycée à la gare. Je l’ai pris d’abord avec mes amis,
puis une fois toute seule. Mais cette fois-là, j’ai croisé un vieil homme,
braguette ouverte, sexe à l’air, sourire bizarre. J’ai couru autant que j’ai pu
jusqu’à la gare. Je n’ai plus jamais pris le raccourci, qui se trouvait dans
une partie isolée de la ville.
Une fois, dans le RER, nous étions quelques
personnes dans le wagon. J’étais à l’étage, assise près de la fenêtre. Sur la
rangée d’en face, un homme, assis près de l’autre fenêtre. A un moment j’ai
tourné la tête, et j’ai vu qu’il se masturbait. J’ai été choquée, j’ai eu la
nausée. Je me suis levée et suis allée me réfugier près des portes où d’autres
personnes s’entassaient déjà, vu que nous étions bientôt arrivés à la gare.
Ça m’a gâché ma journée. Je me suis retrouvée
dans une espèce de brouillard, stress post-traumatique, je ne sais quoi. Je
devais faire des recherches pour mes études, et ce jour-là je crois que je n’ai
rien fait, je ne suis allée nulle part. J’ai marché un peu et au bout d’un
moment il a fallu rentrer, reprendre le RER.
Vivre toutes ces choses, ça me faisait
bizarre, comme si c’était moi qui l’attirait, comme si ça allait être comme ça
tout le temps, comme si c’était écrit sur mon front ou je ne sais pas.
Maintenant je sais que je ne suis pas la seule
à qui c’est arrivé, que c’est le fruit du hasard plutôt qu’autre chose, un
hasard malheureux. Mais à l’époque je me sentais vraiment seule avec tout ça.
Je n’en parlais à personne, ça m’enfermait encore plus dans mon traumatisme.
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