Je ne souhaitais pas faire le deuil du passé,
avant tout par peur d’oublier.
Car tout mon passé ne se résume pas aux abus
sexuels, et j’avais vraiment peur qu’en tirant un trait définitif, le reste
tomberait dans l’oubli.
Mais ce deuil est nécessaire.
J’ai peur d’être à nouveau amnésique, et c’est
tout à fait normal.
Le psychologue m’a fait comprendre que cette
peur était liée au fait que j’avais déjà fait de l’amnésie.
Il m’a fait comprendre aussi que l’oubli, dans
une certaine mesure, est obligatoire.
Lorsque nous dormons, notre cerveau fait le
tri entre ce que nous allons oublier et ce dont nous allons nous souvenir…
Ce tri est nécessaire pour faire de la place.
On ne peut pas tout garder.
Pour moi, le fait d’écrire est une forme de
lutte.
Je travaillais trop à garder les choses en
moi, les écrire permet de faire de la place et m’aide à garder en mémoire
certains sujets importants.
Les pensées, les souvenirs, posés sur le
papier ne m’encombrent plus l’esprit.
Et ce deuil que je suis en train de faire
concernant le passé, ce deuil que je travaille depuis plusieurs mois
maintenant, me fait énormément de bien aussi.
Ma vie ne tournant plus autour de cela, je
peux enfin vraiment la vivre.
Intensément, et normalement.
Mon cerveau n’étant plus en boucle sur les
mêmes sujets, il peut envisager l’avenir, réfléchir à d’autres choses.
Pour le moment, j’ai encore peur de retomber
dans l’oubli, revenir à zéro.
Peur de me réveiller un jour dans un endroit
inconnu, sans savoir qui je suis ni où je suis.
Je ne sais pas si j’arriverai à me débarrasser
de ça.
Le fait de savoir que mon cerveau l’a déjà
fait et pourrait le refaire m’angoisse parfois.
Et je prends mille précautions, sans m’en
rendre compte, pour le cas où cela se produirait encore.
Mais je ne désespère pas de cesser d’avoir
peur.
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