vendredi 14 juin 2019

Jeudi 18 janvier 2018


Être une victime c'est s'en prendre plein la gueule tout le temps.
Les remarques de l'entourage « bouscule-toi, passe à autre chose », « c’est le passé tout ça »
Le silence d'une société au sein de laquelle la pédocriminalité et l'inceste sont tabous.
Les psys qui ne nous croient pas et parlent d'Oedipe ou de fantasme.
Les grandes déclarations de stars qui ne savent pas de quoi elles parlent.
Je suis très ennuyée par toutes ces personnes ultra-médiatisées qui prennent la parole ces derniers temps pour dire tout et n’importe quoi.
Je lis toutes ces choses qui me concernent sur un sujet dont je suis victime, et je me sens dépossédée, démunie. C’est comme si c’était ma propre vie qui était passée à la moulinette.
On décortique le statut et le ressenti des victimes, on analyse comment elles devraient se sentir, comment elles devraient vivre.
C’est ça qui est dangereux. Ces gens qui se permettent d’analyser notre vécu comme s’ils avaient la réponse à toutes nos questions. Comme si c’était très simple et que nous étions vraiment idiots de ne pas y avoir pensé plus tôt.
J’ai déjà dû entendre pas mal de stupidités dans ma vie à propos de ce que j’avais vécu. Et ça continue. A croire que ça ne s’arrêtera jamais.
Etre victime, c’est aussi ça. Affronter ces marées, ces discours, et devoir se battre contre ça.
A une époque où j’étais seule et isolée, tous ces discours auraient pu me faire revenir en arrière, me faire douter de mon vécu, de mes ressentis, me faire culpabiliser sur ma façon de vivre tout ça.
Contrairement à ce qui a été dit récemment, nous n’avons pas tous la force de nous en remettre. Et les plus fragiles d’entre nous ne sont pas toujours bien aidés.

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