dimanche 8 mai 2022

Dimanche 08 mai 2022

Est-ce que ça t’arrive de te lever le matin avec le vague à l’âme ?

Avec la nostalgie et la colère de tout ce qui a été perdu, détruit…

 

Bien sûr, il y a la joie de ce qui nous reste, de ce que l’on devient. Et rien ne peut effacer ça.

 

Mais certains matins, c’est la tristesse de tout ce que la tempête a soufflé, de tout ce qui a été dévasté.

Certains matins, c’est juste ça : le soleil qui brille sur les ruines.

Les ruines, mises en lumière. La poussière qui s’accumule avec le temps.

Et la colère, intacte.

 

Tu sais que demain sera un autre jour, plus joyeux, sûrement. Tu sais que l’avenir peut tout changer et t’apporter le meilleur.

Mais il y a ces matins avec le passé qui se réveille, son goût amer et dégueulasse de destruction et d’inachevé.

 

Est-ce qu’on s’habitue à tout ça ?

Est-ce qu’un jour on se réveillera sur un passé qui ne fait plus souffrir ?

Je l’espère, et je ferai tout pour.

 

jeudi 5 mai 2022

Jeudi 05 mai 2022

 

J’ai voulu mourir de mes 15 ans à mes 25 ans.

J’ai voulu mourir à 40 ans.

 

J’ai 41 ans maintenant, et je suis à peu près certaine de ne plus vouloir mourir. Plus jamais.

 

J’ai été souvent si proche de la mort, qu’elle a été mon amie, ma sœur.

Je me sentais morte, à l’intérieur, dévastée.

 

Pendant des années, j’ai été mort-vivante.

Je vivais sans vraiment vivre, j’étais toujours un peu de l’autre côté, toujours un peu ailleurs.

 

J’ai voulu mourir, mais je me suis battue, parce que chaque fois que je pensais à la mort, je me disais « après c’est fini, terminé, il n’y a plus rien ».

 

Vivre est parfois difficile, mais cela nous donne l’occasion de changer les choses.

Et de les changer, peut-être définitivement, et peut-être pour le meilleur.

 

Vivre, c’est douloureux et ça fait peur.

Il y a des moments où on ne se sent pas capable de surmonter les épreuves, où on n’a plus la force de continuer.

Ces moments sont arrivés souvent dans ma vie.

 

Angoisse d’exister, angoisse d’être cette personne-là qui a vécu ces choses-là.

 

Je me suis accrochée, j’ai lâché, je suis tombée.

Mais je suis toujours là, et heureuse de l’être.

Oui, finalement, heureuse d’être là.

 

Il y a eu les réussites, les défaites, les plus grandes joies et les plus grandes tristesses.

Et il y en aura d’autres. Parce que je continuerai d’être là pour les vivre, parce que j’ai envie de connaître la suite de ma vie, de mon histoire.

 

Je sais que c’est difficile, mais on y arrive, on peut le faire. Ne doute pas de toi.

 

mercredi 4 mai 2022

Mercredi 04 mai 2022

 

J’ai passé ma vie à mentir sur ce que j’avais vécu, mon état, et qui j’étais réellement.

Je n’ai pas seulement menti aux autres, je me suis aussi menti à moi-même.

 

Aujourd’hui, tout le monde sait ce que j’ai vécu, ou a la possibilité de le savoir.

Et je ne m’y habitue toujours pas.

 

Ce qui était caché est désormais montré, et puis après ?

Ma vie n’a pas vraiment changé. Je n’aime pas qu’on sache, je n’aime pas raconter.

 

Je crois que ce qui est important, dans la démarche de parler, ce n’est pas forcément que tout le monde sache, c’est surtout d’arrêter de faire semblant.

Envers les autres, et envers soi-même.

Mais envers soi-même est le plus important.

 

Depuis que j’ai appris à dire la vérité, je ne peux plus mentir, ni aux autres, ni à moi-même.

Si je me sens mal, je n’ai plus à le cacher, mais surtout je ne dois plus me le cacher.

 

Je ne veux plus faire semblant d’aller bien, faire semblant de ne pas être une personne traumatisée.

 

Bien sûr que, dans la vie de tous les jours, et avec certaines personnes, cela m’arrive encore.

Mais peut-être que certaines barrières sont nécessaires face au monde, parfois, et malheureusement encore.

L’essentiel étant de ne plus garder le masque 24h/24h en pensant que c’est cette personne-là que je suis, et non l’autre, celle qui a souffert.

 

Je crois qu’on commence à aller mieux quand on commence à accepter cette part sombre de nous-mêmes.

L’accepter, prendre soin d’elle, la guérir.

 

Faire en sorte que ce sourire ne soit plus faussé sur nos lèvres, mais devienne bien réel.

Que ce masque de bonne humeur ne soit plus un masque, et devienne notre vrai visage.

 

Accepter la souffrance passée et présente, accepter cet enfant qui n’a rien fait de mal, et à qui on a fait du mal. Et puis l’aimer, de toutes ses forces, car c’est de beaucoup d’amour dont il a besoin.

 

 

mardi 3 mai 2022

Mardi 03 mai 2022

 

Raconter, c’est compliqué...

On s’inquiète toujours de savoir comment notre parole sera reçue, on a peur de dire, peur des mots.

 

Comment raconter l’agression ?

Avec quels mots décrire le viol ?

 

Donner des détails, avec l’impression de donner trop de détails ?

Ou parler de manière détournée, avec l’impression de ne rien raconter ?

 

C’est violent à raconter, violent à écouter, et il n’y a pas de mode d’emploi.

Pas de juste milieu.

 

On a peur des détails, parce que ce sont eux qui nous font le plus souffrir.

On a peur de les dire, parce qu’on en a honte.

On a peur des mots, parce qu’ils sont crus.

 

Et au bout d’un moment, peut-être, on ne peut plus tourner en rond, il faut dire les mots, tels qu’ils sont. Il faut dire les choses, telle que la vérité est.

 

Mais le véritable problème, ce n’est pas de devoir le raconter ou comment le raconter.

Le problème, c’est de l’avoir vécu.

 

Alors, comment raconter, quels mots utiliser… La manière de dire n’est pas importante, parce qu’il n’y a pas de bonne manière, pas de bon moment pour en parler.

 

Notre parole est difficile à dire, difficile à entendre, mais on devrait se rappeler d’abord que le plus compliqué c’est d’avoir dû vivre ça.

Ces choses qui n’ont pas de sens, pas de mots, et auxquelles nous avons dû donner du sens et des mots pour avancer.