vendredi 14 juin 2019

Mercredi 10 octobre 2018


Ça fait plusieurs fois que je lis, ou que j’entends la phrase « je ne veux pas qu’on me voit comme une victime » ou « je ne suis pas une victime ». 

Ce sont généralement des personnes qui vont s’ouvrir et parler de ce qu’elles ont vécu, mais qui toujours, avant de se raconter, désirent absolument éviter qu’on les associe au mot Victime.
Comme si être une victime c’était un gros mot, être plus bas que terre, la chose la plus terrible du monde, et « non surtout pas moi, ne mettez pas ce mot-là sur moi ».

Je ne comprends pas leur refus du statut de victime, ce rejet absolu. Ça me pose questions sur l’image que ces personnes se font d’une victime, et peut-être plus globalement sur le regard que la société porte sur les victimes, plus précisément sur les victimes de violence sexuelle…

Ensuite, après cette phrase sur le fait de se considérer ou non comme victime, généralement, vient la phrase « je vais bien, tout ça c’est du passé ». Pour bien faire comprendre qu’on ne doit pas en plus les mettre dans le même sac que n’importe quelle victime dépressive qui va mal…

Cette manière toujours d’ajouter que maintenant tout va super bien, comme de nier toute la partie qui pourrait encore aller mal… J’ai tendance à ne pas croire les personnes qui disent ça.
Je ne les crois pas, parce que j’ai déjà utilisé cette phrase, et c’était un mensonge. Un mensonge auquel je croyais dur comme fer, certes, mais un mensonge quand même.

Parce que, souvent on croit que tout va bien, parce qu’on a mis l’histoire au passé, parce qu’on avance, on fait des choses… Mais un jour le passé nous revient violemment en pleine face, et tout ce qu’on avait construit s’effondre comme un château de carte…

Les personnes qui tiennent ce genre de discours m’inquiètent, parce que j’ai tenu exactement le même discours à plusieurs périodes différentes de ma vie, et je sais exactement dans quel état d’esprit on est quand on dit ces mots. On veut vraiment passer à autre chose. On y croit très fort, on se dit, ça y est je suis passé à autre chose, je ne suis pas une victime, moi, je suis forte.

D’ailleurs je suis enfin capable d’en parler.
Alors qu’en parler, s’ouvrir publiquement ou à des intimes, ce n’est que le début d’une longue route truffée de prises de conscience.

Parler, c’est le début, pas la fin…

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