Ça fait plusieurs fois que je lis, ou que
j’entends la phrase « je ne veux pas qu’on me voit comme une
victime » ou « je ne suis pas une victime ».
Ce sont généralement des personnes qui vont
s’ouvrir et parler de ce qu’elles ont vécu, mais qui toujours, avant de se
raconter, désirent absolument éviter qu’on les associe au mot Victime.
Comme si être une victime c’était un gros mot,
être plus bas que terre, la chose la plus terrible du monde, et « non
surtout pas moi, ne mettez pas ce mot-là sur moi ».
Je ne comprends pas leur refus du statut de
victime, ce rejet absolu. Ça me pose questions sur l’image que ces personnes se
font d’une victime, et peut-être plus globalement sur le regard que la société
porte sur les victimes, plus précisément sur les victimes de violence sexuelle…
Ensuite, après cette phrase sur le fait de se
considérer ou non comme victime, généralement, vient la phrase « je vais
bien, tout ça c’est du passé ». Pour bien faire comprendre qu’on ne doit
pas en plus les mettre dans le même sac que n’importe quelle victime dépressive
qui va mal…
Cette manière toujours d’ajouter que
maintenant tout va super bien, comme de nier toute la partie qui pourrait
encore aller mal… J’ai tendance à ne pas croire les personnes qui disent ça.
Je ne les crois pas, parce que j’ai déjà
utilisé cette phrase, et c’était un mensonge. Un mensonge auquel je croyais dur
comme fer, certes, mais un mensonge quand même.
Parce que, souvent on croit que tout va bien,
parce qu’on a mis l’histoire au passé, parce qu’on avance, on fait des choses…
Mais un jour le passé nous revient violemment en pleine face, et tout ce qu’on
avait construit s’effondre comme un château de carte…
Les personnes qui tiennent ce genre de
discours m’inquiètent, parce que j’ai tenu exactement le même discours à
plusieurs périodes différentes de ma vie, et je sais exactement dans quel état
d’esprit on est quand on dit ces mots. On veut vraiment passer à autre chose.
On y croit très fort, on se dit, ça y est je suis passé à autre chose, je ne
suis pas une victime, moi, je suis forte.
D’ailleurs je suis enfin capable d’en parler.
Alors qu’en parler, s’ouvrir publiquement ou à
des intimes, ce n’est que le début d’une longue route truffée de prises de
conscience.
Parler, c’est le début, pas la fin…
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