mercredi 31 juillet 2019

Mercredi 31 juillet 2019


Avancer à petits pas, dans une direction.
Peut-être la bonne, pour une fois.

Avancer sur un fil tendu, quelque part entre le ciel et le vide.
Au-dessus du précipice…

Et décider tout à coup de se lancer, ne pas avoir peur.

Défier la peur, l’aimer même.

Aimer la poussée d’adrénaline qui me force à aller toujours plus loin.

Oser, oser encore. Toujours plus…

Je veux danser, rire, chanter, sur les ruines des murs que j’aurais brisés.
C’est idiot, idiot peut-être.

Bats-toi, tu peux y arriver.

Bats-toi, tu peux le faire.

samedi 27 juillet 2019

Samedi 27 juillet 2019


Ce qui s’est passé ces dernières semaines a remué beaucoup de choses en moi.
Je n’arrive pas à savoir comment je me sens exactement.

A la fois libérée, et en même temps très stressée.
Comme coupable d’avoir ouvert une boîte que je tenais secrètement fermée depuis longtemps.

C’est très étrange, cette culpabilité, ce couteau qui se retourne contre moi.

Tant que nous restons enfermés dans le secret, nos abuseurs sont libres, et nous avons le poids d’un couvercle sur nos épaules, sur notre bouche.

Dès que nous osons parler, il y a un étau qui se resserre.

Le secret n’est plus secret, les chaînes sont brisées, mais il reste ce lien entre l’abuseur et nous.

J’ai peur de la colère, la sensation d’avoir fait du mal.

Toujours et encore… Pourtant ce n’est pas moi, ce n’est pas moi qui ait fait du mal.

Parler est à double tranchant.
Dénoncer est une lame qui nous coupe aussi, nous taillade à l’intérieur.

Quand l’abuseur nous a dit de garder le secret, et que c’est devenu comme une promesse… Rompre la promesse est difficile.

Je vis des choses compliquées en ce moment.
Trop de sentiments contradictoires se mêlent les uns aux autres.

lundi 22 juillet 2019

Lundi 22 juillet 2019


Je préfère lutter contre la chaleur que contre le froid.
La chaleur apaise mon corps, il est comme plus léger, plus aérien.

Je n’ai plus toutes ces couches de vêtements à ajouter les unes par-dessus les autres, je ne me sens plus entravée dans mes mouvements par des tonnes de tissus.

Le froid me crispe et me renferme.
Ce n’est pas tellement évident, en plus du stress qui me serre déjà le ventre comme une cage…

Je n’aime pas non plus avoir trop chaud, et quoi qu’il en soit je n’aime pas mon corps.

Je rêve de vivre dans un corps qui n’a pas été touché, qui n’aurait pas eu de plaisir à mon insu.
Un corps « propre », et non « sale » comme le mien…

Je voudrais savoir ce que ça fait, de se lever le matin sans se sentir lourd de tous ces muscles qu’il faut mettre en mouvement, de toutes ces cellules qui ont leur propre rythme de vie…

Vivre sans soucier de tout ce qui bouge en soi, sans avoir peur du moindre contact, sans aucun souvenir endormi risquant de se réveiller à la moindre caresse…

Et se coucher le soir sans peur, sans cauchemar, avec cette même peau qui ne nous a jamais trahi et ne nous trahira pas…

Je ne sais pas si un jour j’arriverai à l’union totale de l’esprit avec mon corps.
Je lui en veux encore trop, il a encore trop le souvenir des caresses, du plaisir non désiré.

Mon esprit a été touché d’une manière différente, indirecte et toute aussi explosive, mais lui est bien au chaud protégé, sans aucun contact direct avec l’extérieur.

dimanche 21 juillet 2019

Dimanche 21 juillet 2019


Je suis allée en enfer et j’en suis revenue. Vivante.
Plus Vivante que jamais.

J’ai encore les pieds noirs de suie et souillés par la terre crasseuse qu’il y a là-bas.
J’ai encore les cheveux emmêlés et les yeux tristes de tout ce que j’y ai vu.

Mais je suis là.

J’ai marché longtemps dans le noir, avec mon instinct pour seul guide.

J’ai gravi chaque montagne en pensant à la lumière.

Celle qui vivait encore dans mon cœur et me guidait dans cet immonde endroit.
Mais aussi celle du soleil, que je reverrai forcément un jour : je n’ai jamais douté.

Ces deux lueurs brillaient de la même intensité.

Je ne suis pas revenue sans cicatrices, hélas.
Mon corps porte des marques, et mon cœur n’est qu’à moitié vivant.

L’autre moitié, brûlée, noircie, souffre encore le tourment.
Parfois je la sens qui se serre et se refroidit comme la glace.
Parfois elle me brûle, comme continuellement à vif.

Je dors peu, je dors mal.
Je ne supporte plus l’obscurité : j’ai trop peur d’y voir encore les monstres.
Et parfois dans la nuit, mes propres cris me réveillent.

Mais je suis là.

Et je sais qu’un jour tout cela ne sera plus qu’un lointain cauchemar, une vieille histoire comme on s’en raconte parfois au coin du feu.

Je sais qu’un jour mes yeux renaîtront de leur plus belle flamme, et que mon cœur cicatrisera définitivement, se réchauffant d’année en année.

Cela prendra du temps, mais j’ai fait le plus dur.

samedi 20 juillet 2019

Samedi 20 juillet 2019


J’ai du mal avec le fait de raconter, aller jusque dans les détails, dire « ceci est ma vie »…
Ceux qui écoutent mes déclarations les reçoivent sans doute comme des coups de poings, mais pour moi c’est juste MA vie, MA réalité.

En face, celui à qui je m’adresse aura le souffle coupé pendant peut-être cinq minutes, puis il retournera à sa normalité, sa vie à lui.

Moi, le souffle coupé, c’est tous les jours, tout le temps, dès qu’un souvenir me revient… et bien plus que ça encore.

Je choisis les mots avec soin pour que mon interlocuteur comprenne bien les gestes, les sensations, mes sentiments à moi et la violence, surtout la violence.

Je choisis mes mots et je m’entends parler.
Au fur et à mesure le film repasse dans ma tête, et l’horreur se fait plus précise.

Je rêverais d’être à leur place, à la place de ces gens qui ne font que recevoir nos confidences, et puis qui passent à autre chose…

Eux aussi, ils ont les images ?
Mais est-ce que ça leur fait mal comme à moi ?
Est-ce qu’ils sentent la douleur ?
Sans doute, mais jamais assez, ils ne la sentent jamais assez par rapport à ce que nous vivons…

En un sens, je me sens chanceuse : je n’ai pas, comme eux, à écouter les mêmes atrocités, des histoires similaires à longueur de journée…

Je n’ai que mon histoire, et même si c’est dur, je m’y suis habituée… J’ai grandi avec l’horreur, on a fait du chemin ensemble, elle fait partie de moi.

Je crois que ceux de l’extérieur, ceux dont c’est le travail, ne s’habitueront peut-être jamais.