vendredi 26 juin 2020

Vendredi 26 juin 2020

Ils ont peur de nous parce que nous sommes plus courageux qu'eux.

Nous les intimidons parce que nous avons traversé la mort et que nous sommes restés vivants.


Ils ne savent pas quoi dire parce que tout ça, c'est aussi un peu de leur faute…

Parce qu'ils ont fermé les yeux.

Parce qu'ils n'ont pas voulu se mêler de ce qui ne les regardait pas.

Parce qu'ils continuent de rester silencieux et de faire comme s'ils ne voyaient pas.


Ils n'ont pas tendu la main quand ils auraient pu le faire.

Et maintenant ?


Ils se taisent et baissent la tête quand nous relevons la nôtre.

Ils se sentent un peu minables, peut-être…


Car ils ne veulent pas croiser le regard d'une vie brisée, ils veulent continuer de ne pas voir, et continuer de faire comme si, en espérant que tout cela s'efface.


Comme si leur silence allait étouffer nos cris.

Comme s'ils pouvaient revenir à une vie normale, ou espérer y rester après qu'on leur ait montré  cette autre vie qui existe à côté de la leur.


Ils ont peur, parce qu'ils savent que s'ils osent regarder vraiment, c'est tout leur monde qui  deviendra comme notre trou noir.

Tout leur monde coloré, joyeux, tout à coup en noir et blanc comme le nôtre... Impossible, ils ne pourraient pas vivre en sachant tout ça, en le regardant vraiment bien en face.


Mais nous le faisons bien, nous...

Et nous y arrivons, nous nous agrippons aux parois de toutes nos forces pour sortir de là.

Ils ont peur de nous parce que nous sommes plus courageux qu'eux.

samedi 20 juin 2020

Samedi 20 juin 2020

De toute façon, il y a des angoisses.

Certes, je vais un peu mieux et j’ai progressé dans beaucoup de domaines.

Mais les angoisses sont là, toujours. Pour me rappeler et me ramener au passé.

 

C’est comme un élastique sur lequel je tire pour m’éloigner le plus possible, mais qui me fera toujours revenir à la case départ.

 

Parfois, on nous demande de couper l’élastique… Et on essaie, de toutes nos forces.

Mais il trouve à s’enrouler à nouveau quelque part, autour de notre cheville ou de notre poignet…

Il est solide et se glisse comme un serpent.

Il nous étreint et serre fort comme pour dire « Tu es à moi ».

 

Dans cette fuite, dans cette lutte pour l’existence, il m’arrive d’avoir peur de perdre.

Et si j’étais coincée là comme ça, à devoir revenir sans arrêt dans le passé ?

 

Cela m’apaise de sentir que j’arrive à aller toujours un peu plus loin, même juste un peu.

Peut-être qu’un jour je serai définitivement trop loin, j’aurais dépassé toutes les frontières, et le passé ne pourra plus me rattraper.

Alors, je serai libre.

 

 

lundi 15 juin 2020

Lundi 15 juin 2020

Je ne veux pas de retour à la normale.

Je suis trop fragile et le monde est trop exigeant.

 

Ce monde, qui va recommencer à attendre de moi que je me secoue un peu, que je me trouve une activité, un travail, n’importe quoi qui me permette de « passer à autre chose »…

 

Mais moi j’étais bien dans cette bulle, forcée à rien, libre de faire les choses à mon rythme et à ma façon.

Libre de ne rien faire, mais sans m’en sentir coupable, pour une fois.

Ne pas me forcer à rentrer dans un moule qui ne me convient pas.

Et libre surtout de me reposer d’une souffrance parfois trop lourde à porter.

 

Personne n’attendait rien de moi, et c’est l’absence de cette pression permanente qui m’a aidé à me reposer ces derniers mois.

L’absence des « Il faut que » et des « Tu devrais ».

Aucune pression sur mon  avenir, juste moi face au présent (et au passé, quand il se présentait).

 

Alors, non, je ne veux pas de retour à la normale.

 

Je ne veux plus sortir de chez moi pour me cogner à ce monde qui ne me comprend pas.

 

Lundi 15 juin 2020

Il arrive que les nuits soient dures…

Quand vient le moment de se coucher, alors que, définitivement, je ne veux pas dormir.

Je ne veux pas me retrouver seule avec toutes ces pensées qui tourbillonnent.

Seule avec les angoisses.

 

Il arrive que les nuits soient longues…

On s’endort sans savoir ce que l’on va trouver.

Et à quoi ai-je rêvé, quand je me réveille épuisée et triste ? A quoi ai-je pensé ?

Ai-je envie de m’en souvenir ? Je crois que je ne veux pas savoir.

Parce que je sais déjà…

Je connais par cœur les monstres qui viennent hanter mes cauchemars. Je ne veux plus les voir.

 

Il arrive que les nuits soient froides…

Alors je regarde mon poignet, celui déjà plein de cicatrices. Et je me souviens de la douleur qui paraissait si réconfortante. Se faire mal pour oublier…

Toutes ces nuits que j’ai noyées dans le sang, pour éviter de faire face à la réalité.

Et comme elle me manque, cette douleur, la seule que j’aie jamais choisie.

 

Il arrive que tout revienne, et qu’à la question « Pourquoi ? » la réponse soit seulement « Parce que. »…

 

Il n’y a pas de raison, les choses sont comme elles sont.

Il faut parfois survivre aux nuits difficiles, c’est tout.

dimanche 14 juin 2020

Dimanche 14 juin 2020

Matin,

Le monde s’éveille.

 

Je déplie mes ailes difficilement,

Avec angoisse.

Aujourd’hui c’est une journée particulière,

Chargée de souvenirs.

 

Une journée lourde de sens.

Un étrange anniversaire, vieux de plusieurs années.

Une date que je voudrais enterrer.

 

Aujourd’hui, je me lève en pensant Vivement demain,

Et même tous les autres jours.

N’importe quel espace du temps, sauf celui-là.

 

Je n’ai pas envie d’y penser, et je fais tout pour l’étouffer.

Mais, plus particulièrement cette année,

La journée s’annonce compliquée.

 

Je me soulage en pensant simplement Qui aurait cru ?

 

Qui aurait cru que tout cela arriverait, jusqu’à me mener à ce point précis ?

Car, depuis ce jour, du chemin a été fait.

Une bonne longue route.

De laquelle, je le sais, je sortirai victorieuse.

 

Alors, même si ce n’est pas une journée joyeuse,

Même si le souvenir étrange fait mal,

Aujourd’hui est ce qu’il est.

 

Mais surtout demain est un autre jour

Et l’avenir réserve des surprises.