vendredi 14 juin 2019

Vendredi 31 mai 2019


Pendant longtemps je ne me suis pas sentie légitime en tant que victime.

D’abord parce que je ne me souviens pas de tout.

Ensuite parce que ce dont je me souviens semble être des abus ponctuels, plutôt que sur la durée.

Et en tout cas pas sur une durée quotidienne, puisque le principal est arrivé pendant les vacances, plus précisément les vacances d’été, à un endroit bien précis.

Je ne me sentais pas légitime, comparé à toutes ces histoires que je lisais, qui parlaient de violences sexuelles ayant duré des années, avec un père, une mère, un oncle, un frère, une sœur ou des grands parents.

Des violences qui ont été très loin, parfois jusqu’à la prostitution, ou l’organisation d’un réseau intrafamilial/amical…

A côté de tout ça, je n’avais pas l’impression d’avoir tellement souffert, pas l’impression d’avoir été véritablement abusée sexuellement…

Mais en réalité, une seule fois suffit.

Une seule fois, et c’est la destruction interne.
Quel que soit l’âge, quelle que soit la fréquence, la durée.

Il n’y a pas à se sentir légitime ou non, ce n’est pas un clan ni une bande, qui demande quand/qui/combien de fois, et qui validerait ou non le traumatisme et la souffrance.

Nous n’avons pas à nous comparer aux autres, à ce qu’ils ont vécu et comment ils le vivent.
Il n’y a pas d’échelle de souffrance, pas de victime parfaite ou meilleure que les autres.

Seul ce que nous ressentons compte.

Pendant longtemps, je ne me sentais pas légitime, je ne me sentais pas victime, et je me suis trompée.

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