mercredi 28 août 2019

Mercredi 28 août 2019


Se reconnecter à la jeune fille qui regrette d’avoir aimé un abuseur…

Elle a aimé la mauvaise personne, de tout son cœur et de toute son âme.
Et en fait, c’est ça qui fait le plus mal.
Cette impression de gâchis d’amour, gâchis de sentiments et d’énergie.
Ce vol qu’il lui a fait.

Elle espérait qu’il était humain, qu’il l’aimait aussi, elle voulait y croire, elle en avait besoin.
Elle voulait garder le fantasme d’un être idyllique, d’un amour parfait.

Mais la réalité toute crue étalée devant elle, formulée, mise en mots, ne lui permet plus de rêver.

Alors elle prend conscience d’avoir aimé dans le vide.
De s’être donnée entière au monstre, en tout amour, en toute confiance.
Parce que les abus, souvent, se font dans la douceur la plus totale…

Alors elle a honte d’elle-même, se sent en colère.

Elle était jeune, elle était naïve. Elle n’avait rien pour elle, pas même sa mémoire.
Il était là, avec ses yeux brillants, son sourire… Dans son regard, elle avait l’impression d’exister, d’être enfin quelqu’un…

Et tous ses souvenirs, ces moments précieux qu’elle a voulu conserver de lui, qu’en faire ?
Tout semble terne à présent, sali par la réalité qu’elle ne peut plus ignorer.

J’ai envie de garder un peu de ce qu’elle a été, parce qu’elle a été pleine d’amour, si pleine.
Elle n’a été qu’amour, c’est ce qui l’a aidée à vivre malgré le mal qu’il lui faisait.

Et cet amour, grandiose, fort, est une bonne leçon de vie.
Ça fait partie de ce que je suis aujourd’hui, ce que j’ai envie de continuer à être.
Juste amour, bonté et gentillesse. Mais pas pour lui évidemment, plus jamais pour lui, ça non…

mardi 27 août 2019

Mardi 27 août 2019


A chaque fois je me dis que je n’irai pas plus loin, que c’est plus que je ne peux en supporter.
Mais à chaque fois, je me dis aussi que j’ai survécu jusque-là, alors je peux le faire, je peux y arriver.

Et c’est comme ça que j’avance, finalement…

Comme une alpiniste, déjà trop haut pour abandonner, j’aperçois le sommet et je cherche des prises.
L’arrivée me paraît loin et a l’air de s’éloigner à mesure que j’avance.

Je suis épuisée, je ne suis pas certaine que mon corps et mon esprit aient assez de force pour continuer comme ça.
Repousser les limites, toujours…

Il paraît que ce n’est pas la destination qui compte, mais le chemin.
Le mien est raide et plein d’embûches.
Avec le temps, on s’y fait, sans doute.

Je rêve d’un point d’arrivée hors du commun, d’une destination grandiose. Peut-être qu’il me faut mériter tout ça…

La vie est ce tourbillon contre lequel je lutte.
Je veux me prouver que je peux le faire.

dimanche 25 août 2019

Dimanche 25 août 2019


Quelques jours pour me ressourcer, quelques jours de réflexion…

Le psychologue m’a parlé du syndrome de Stockholm, cet attachement surréaliste qu’on ressent pour une personne qui, objectivement, nous a fait du mal.

Je réfléchis au fait que l’amour que je ressentais pour l’un de mes abuseurs pouvait bien être ça… Penser de cette façon m’enlève toute culpabilité et un poids immense pour ce que je fais actuellement.

Je ne veux plus ressentir de pitié pour une personne qui a été si froide, si peu empathique envers moi.

C’est un énorme travail, d’inverser ainsi la situation.
Il me faut devenir guerrière, froide à mon tour.

Et tout ça, sans me culpabiliser de rien.
Comprendre que je suis dans mon droit le plus total, assumer ma position.

Et si je dois revoir cette personne, pouvoir la regarder sans honte.
Lever la tête, aussi fièrement que possible et rester droite, sans aucun regret.
En serais-je capable ?
La question ne se pose pas encore, mais je dois m’y préparer.

Et j’ai du temps pour ça : le temps de l’attente, le temps de la justice, peut être bénéfique.
C’est peut-être plus facile parce que, comme je l’ai déjà fait, je sais que ça va être long, et je n’ai plus envie d’attendre sans rien faire.

C’est un temps que je peux utiliser pour moi, à me préparer, me construire, trouver mes forces et ma voie.

jeudi 22 août 2019

Jeudi 22 août 2019



Déposer le sac à dos lourd de toutes les souffrances, de toutes les douleurs, et le donner à la justice pour qu’elle le remette elle-même à l’abuseur… Celui qui, depuis le début, aurait dû porter ce poids.

Sans ce sac à dos, on se sent plus léger.

Et je me sens plus légère, déjà, même si ce n’est que le début d’une longue route.

La nuit seulement, la pesanteur me revient.
La nuit, je laisse une partie de moi pleurer, exprimer sa rage, sa tristesse, sa peur.
Son soulagement aussi, peut-être.

Au petit matin, je me réveille, forte comme si de rien n’était, je virevolte, je papillonne.
Plus rien n’est impossible, parce que j’ai traversé le feu.
Ou, du moins, je suis en train de le faire.

Et j’espère ainsi pouvoir briser les murs qui me séparent du reste du monde.

Le psychologue pensait que j’avais peur de vivre, mais ce n’était pas ça.
Quelque chose m’empêchait de vivre.
Je m’enterrais dans le secret de ce que j’avais vécu.
Et pendant que certains de mes abuseurs vivaient leur vie, je m’éteignais, étranglée par le silence.

Parler me redonne vie.
Et je sais qu’en parlant, je détruis une vie.

Ma vie commence là où celle de mes abuseurs se termine.

Et c’était ça, depuis le début…

samedi 17 août 2019

Samedi 17 août 2019


Parler ou se taire, vivre ou mourir…
On vit des instants tellement difficiles quand on sort du silence, à tel point qu’on pourrait avoir l’impression que parler c’est mourir, et que se taire c’est vivre…

Rien n’est évident, c’est comme traverser le feu : on ne sait pas ce qu’il y a de l’autre côté, on voit seulement les flammes.

Je n’avais pas pris conscience de l’importance de ne penser qu’à soi.
L’importance d’être sans pitié, sans état d’âme envers l’abuseur ; comme il l’a été envers nous d’ailleurs…

Aucun regard en arrière : on doit juste passer dans les flammes, ne pas s’occuper de lui…

Je n’avais pas pris conscience de l’état de guerre dans lequel nous sommes constamment, à l’intérieur de nous-même.

Nous nous battons pour survivre, mais le secret, le silence, la violence du souvenir, sont des armes incroyablement puissantes qui nous poussent à la destruction.

Osons parler, et un poignard s’enfonce profondément en nous.
Il faut se débattre, encore et encore.

Quelqu’un m’a dit cette simple phrase « c’est très grave, ce qui s’est passé ».
Oui, ça l’est.
Mais cette violence est mon quotidien et je n’ai plus aucune notion de ce qui est grave ou pas.

Pour moi, se confier, c’est grave ; demander du réconfort c’est grave ; demander des comptes, parler à la justice, c’est grave…

Nous ne vivons pas dans le même monde : ici tout est inversé.

Et il faut s’habituer à la douceur, à la gentillesse, à l’amour… A ces gens qui nous croient et nous soutiennent, alors que nous nous sentons si misérable, ne pensant mériter aucune sympathie.

Il faut remettre le monde à l’endroit, et commencer à s’aimer.
Au moins un peu, car de là découlera tout le reste…