samedi 30 mai 2020

Samedi 30 mai 2020

Je vais y arriver.

Je sais que je peux y arriver, maintenant.

 

Au début, on marche dans le brouillard, on ne sait pas trop où on va, pourquoi on fait ça, ni même comment.

A part qu’il s’agit de vivre, rester en vie, redevenir soi-même.

Il s’agit de retrouver ce que l’on a perdu.

 

Un petit bout de courage suffit.

Un petit geste, inhabituel, qui nous sort de l’ordinaire, mais qui commence à nous libérer de l’intérieur.

Et puis, de déclics en déclics, nous finissons par ouvrir la cage, et sortir.

 

Les premiers pas demandent beaucoup de courage.

Mais le courage se charge sur nos épaules à mesure que nous avançons, et grandit comme des ailes à chaque nouveau pas.

Une fois qu’on l’a, on ne le perd plus.

 

On regarde derrière et on sait qu’on a fait le plus dur.

« J’ai peur » devient de plus en plus « Je peux le faire ».

 

Ce qui reste après ne sera pas sans difficulté ni souffrance…

 

Mais il y a cette nouvelle pensée qui nous accompagne :

Je vais y arriver.

Je sais que je peux y arriver, maintenant…

lundi 25 mai 2020

Lundi 25 mai 2020

Pleurer.
Pleurer sur les cendres,

Mais pleurer sur les fleurs aussi, qui poussent sur des terres que l'on croyait arides.


Pleurer,
À la fois de tristesse et de bonheur,

Sur tout ce qui a été perdu et tout ce qui a été gagné.

 

Pleurer

Comme après la dernière bataille,

Comme pour se nettoyer de tout le sang versé.

 

Pleurer de soulagement

Sur ces chapitres qui se ferment

Et qu’on n’aura plus besoin de relire et revivre.

 

Pleurer de se sentir enfin la force de tout affronter,

Le bon comme le mauvais.

 

Pleurer, et puis se reposer,

Profiter des accalmies de la vie.

 

Pleurer,

Pour repartir du bon pied.

 

dimanche 24 mai 2020

Dimanche 24 mai 2020

On commence à parler quand on a marre de se taire.

Quand le cri, fatigué d’avoir fait rebondir tous ces échos douloureux en nous, doit enfin sortir, exploser.

 

On commence à parler quand on est vraiment prêt.

Suffisamment armé face au monde, solidement debout sur nos deux pieds, plus personne pour nous faire tomber…

 

On commence à relever la tête quand on en a marre de se courber.

Quand notre nuque et notre dos hurlent qu’on doit se redresser.

 

On commence à vivre quand on en a marre de mourir à petit feu.

Quand on relève cette couverture qui nous écrase et nous étouffe.

Quand on est devenu assez costaud pour soulever le poids du passé, le poids du silence.

 

Et alors, quand on est prêt, quand on en a eu assez marre, après des années de galère… on ne parle pas, on crie.

On ne marche pas, on court.

 

Et on ne se relève pas simplement, mais on s’envole carrément.

Grâce à ces ailes qui ont mis du temps à pousser, mais qui sont désormais assez grandes et larges pour nous porter…

 

Ça prend du temps, de renaître. Beaucoup de temps, et il faut tout réapprendre.

Mais rien n’est impossible.

 

 

 

vendredi 22 mai 2020

Vendredi 22 mai 2020

J’ai toujours été la bizarre, la différente, la décalée.

J’ai toujours été « cette fille-là », celle qu’on ne comprend pas, et qu’on fuit.

Parfois pointée du doigt et moquée.

 

Avant, je ne comprenais pas.

Mais maintenant je sais (et ils savent aussi) pourquoi.

 

Quand on est victime de violences sexuelles, on voit la mort de près, et la vie d’une autre manière.

On connaît plus souvent la tristesse que la joie, et cela se ressent forcément.

Cela se voit…

 

Dans notre façon d’être, ou de non-être.

Dans notre façon de vivre, ou de non-vivre.

 

Cette manière de marcher en équilibre sur le trottoir, trop près de la route, comme si nous souhaitions passer définitivement de l’autre côté (et plus d’une fois, sûrement, nous l’avons désiré).

Cette manière d’être retenu par un fil qui, à tout moment, pourrait se briser…

 

J’ai toujours été la bizarre, la différente, la décalée.

 

Cette personne que l’on devient à cause d’un traumatisme lourd, quand le froid s’abat sur nous et nous gèle de l’intérieur…

Tandis qu’on essaie désespérément de conserver la flamme et retenir sa chaleur.

 

Mais je n’ai plus honte d’être moi, et je n’ai plus envie d’avoir peur de leurs regards ou de leurs jugements.

 

Maintenant, ils savent, et peut-être qu’un jour ils comprendront.

jeudi 21 mai 2020

Jeudi 21 mai 2020

Au plus froid de la nuit,

Au plus noir de ta vie,

Dans le cœur abîmé

De ton corps souillé,

 

Ton âme luit encore.

Enfouie mais toujours brûlante

Cachée mais toujours brillante.

Intacte, et précieuse comme l’or.

 

Rien n’est jamais terminé

Et l’histoire peut encore changer…

 

Il y a toujours, quelque part, le soleil,

Ou la lune, qui veille

A réparer le cœur

Et soulager les douleurs.

 

Il y a toujours une route vers le bonheur…