vendredi 24 avril 2020

Vendredi 24 avril 2020


J'en ai marre de tout ça, d'avoir tout ça en moi, gravé dans mon corps et dans ma tête.
Est-ce que tu sais ce que tu m'as fait ?
Pour toi ça a été sans doute dix minutes de plaisir.
Pour moi c'est une éternité de souffrance.

Ça revient me hanter par vagues... un geste, une odeur, un mot suffisent à me rappeler ce que tu m'as fait.

"Suce-moi" encore et encore comme en enfer.
L'enfer qui tourne et s'enroule autour de moi, qui veut m'emporter, me consumer dans ses flammes.

Voilà ce que tu m'as fait.
Ce que tu as fait de moi.

Cette crasse que je sens en permanence sur mon corps, cette saleté de ce que tu m'as fait.
Les images sales qui restent en tête, encore et encore et encore.
J'ai envie de pleurer, mais je n'ai plus assez de larmes.

C'est un trou comme une tombe, c'est là-dedans que tu m'as poussée ce jour-là.
Ce trou qui veut se refermer sur moi et dont j'ai du mal à sortir parfois, comme en ce moment, comme aujourd'hui...

Tu sais comment je faisais avant, pour essayer de me débarrasser de tout ça ?
Je me faisais vomir, ou je me coupais... et je croyais que ça faisait passer la douleur, mais elle revenait toujours, et plus forte.

Et tu sais ce que je vomissais, ce que j'essayais de vomir ? Ton sexe.
Malheureusement, vomir comme ça ne m'a jamais nettoyée.
Parce que ça restait coincé là dans la gorge, à m'étouffer.

Et maintenant, même quand je crois que ça va mieux, tout revient.

Je lutte de toutes mes forces, parce que je veux rester en vie.
Parce que je veux connaître un jour le bonheur.
Je lutte contre cette souffrance presque chaque jour de ma vie.

Voilà ce que tu m'as fait.

jeudi 23 avril 2020

Jeudi 23 avril 2020


Personne ne peut porter ça.
Personne.
Personne d’autre que moi.

Mes épaules, parfois, flanchent,
Fléchissent sous le poids d’énormes responsabilités
Qui ne devraient pas être miennes.

Il faut porter le fardeau,
Le porter bien haut,
Le tenir bien fort,
Pour éviter qu’il ne m’emporte avec lui dans le courant.

Il y a les jours où je porte bien comme il faut,
Et les jours où le fardeau m’emporte avec lui.

Alors je touche le fond.
Et c’est seule que je dois remonter,
Car personne ne peut venir me chercher si profond.

Personne ne peut.

Et je ne sais pas toujours si je ressors plus forte
A chaque remontée,
Ou plus fragile.

Je ne sais pas si, à force,
J’ai appris le chemin par cœur,
Si ça devient plus facile
Ou de plus en plus dur.

Je ne sais pas.

Le risque de boire la tasse et le risque de couler sont énormes,
Et personne ne sait jamais
Que je passe toujours trop près de couler définitivement.

Personne ne le sait jamais.

Et parfois, j’aimerais leur dire,
Je voudrais qu’ils sachent.
Mais à quoi sert de les inquiéter ?
A quoi ça sert ?

Ils n’ont pas besoin de le savoir,
Tant que je suis vivante
Et que j’ai l’intention de le rester.

dimanche 19 avril 2020

Dimanche 19 avril 2020


Ce matin, réveil étrange…
Je me réveille avec les mêmes angoisses que lorsque j’étais adolescente.
Avec cette même saleté qui me collait à la peau.

Et, l’espace d’un instant, c’est comme si j’étais de retour dans cette chambre, chez mes parents.
La chambre qui a été à la fois mon cocon et le témoin de toutes mes souffrances. 

Les yeux encore fermés, j’y suis de nouveau, avec l’impression de tomber en moi-même… Tomber comme d’un précipice.

Je détestais cette sensation.
Je l’ai toujours détestée.
Se réveiller et se sentir comme poisseuse.
Vivre dans ce corps sale, ce corps lourd qui transporte tous les traumas.
La nausée.
Et cette angoisse qui prend à la gorge, qui étouffe.
Angoisse de vivre. Angoisse de mourir.

Je détestais ma vie.
Je détestais ce que j’étais, je me sentais monstrueuse, laide.

Je me levais et j’avais simplement envie de mourir.
Tout, plutôt que de continuer à ressentir ça…

Le matin, il me fallait toujours un peu de temps pour me remettre, pour ressembler à quelque chose.
Il fallait le temps d’émerger, de plaquer un sourire sur mon visage, et faire comme si.

Mais je n’avais pas toujours le courage de faire semblant, je n’avais pas toujours le sourire sur mon visage, car c’était trop d’énergie à dépenser.

Trop épuisant de faire semblant de ne pas être rongée à l’intérieur.
Déjà, être rongée me prenait beaucoup de mes forces…

Ce matin donc, réveil à 39 ans avec ces vieilles angoisses de ma jeunesse, toutes fraîches encore, vivantes encore…
Et je me rends compte avec tristesse que, plus de vingt ans après ça fait mal de la même façon.

samedi 18 avril 2020

Samedi 18 avril 2020


Avance,
Avance,
Ne te retourne pas.

Continue,
Continue
Tout droit.

Continue,
Continue
Comme ça.

Ne t’arrête pas.

La vérité,
Un jour,
Triomphera.

Les secrets
Ne seront plus si secrets.

Un jour,
Un jour,
Tout le monde saura.

Et la honte
Ne sera plus sur toi.