J’ai remarqué que certaines personnes
préfèrent dire « violence sexuelle » plutôt que « abus
sexuel », parce qu’elles trouvent que cela renvoie à d’autres termes comme
« l’abus d’alcool » et que dans le cas du viol il ne s’agit pas d’un
« abus de sexe ».
Je comprends leur raison et le sens qu’elles
donnent au mot « abus ».
Mais ce mot a aussi un autre sens, et il reste
important à mes yeux.
Il y a dans le mot « abus » les
notions d’abus de confiance, d’abus de pouvoir. Je considère ces notions
perdues dans le terme « violence sexuelle ».
Pour moi, la « violence sexuelle »
ne rend pas assez compte de ce qui se joue dans le viol.
Elle ne rend pas compte de ce que j’ai vécu,
de ce que je vis. Elle ne raconte pas la perte totale de confiance en moi, en
l’autre, la destruction.
Parce qu’il ne s’agit pas seulement de sexe
pris par la violence. Il s’agit de bien plus que ça. Le viol est une prise de pouvoir sur l’autre,
une volonté de l’anéantir, de détruire. Le viol c’est transformer le sujet en
objet.
Pour moi avec le mot « abus » on a
toutes les nuances de ce qui se joue réellement. Alors que le mot « violence »
laisse imaginer des coups, des griffures, des bleus, pour des actes qui se
passent souvent en douceur, parce que la victime avait confiance en son agresseur,
parce qu’elle avait peur de lui, ou parce qu’elle était enfant et qu’il était
adulte…
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