mercredi 30 novembre 2022

Mercredi 30 novembre 2022

 

Une seule victime parle et on ne la croit pas.
Quand dix victimes parlent, on ne les croit pas plus.

"Présomption d'innocence", c'est tout ce qu'ils savent répliquer pour parer aux accusations...

Et aussi, "laissons la justice faire"...
Mais la justice, elle laisse en liberté bien trop de criminels pour qu'on lui fasse confiance.

Ainsi, le nombre de victimes ne suffit pas... Parce que ce sont des femmes, tout simplement, peut-être ?

Nous vivons dans un pays où la parole des femmes est mise en doute, de même que la parole des enfants quand ils dénoncent avant la prescription. Ce n'est jamais le bon moment pour parler, parce qu'on n'est jamais crus.

Seule la parole de l'homme compte, et quand un homme dit qu'il est innocent, on le croit...

Un homme seul suffit à établir n'importe quelle "vérité".

Mais une vérité qui sortirait de la bouche d'une femme, on la remet en cause, on la remet en doute.
On la renvoie dans les cordes de la justice, qui se fera un plaisir de la tacler pour la mette définitivement K.O.

Après des années de lutte pour l'écoute et l'égalité, on en est toujours là...

lundi 7 novembre 2022

Lundi 07 novembre 2022

 

Je vis dissociée de mon passé.

Ça veut dire que je suis capable de vivre la plupart du temps comme si rien ne m'était arrivé, et comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes...

Mais parfois (souvent), le passé frappe à la porte pour me dire : tu as été violée, c'est réel, et voilà tout ce qui ne va pas bien chez toi depuis...

Le traumatisme remonte alors comme s'il venait tout juste de se produire.

Les émotions qui vont avec, aussi.

Et ma vie telle que je la vis au présent m'apparaît comme mensongère.

Il semble que la seule solution pour que j'aille mieux, c'est que j'accepte ce passé comme faisant partie intégrante de ma vie.

Que j'accepte cette fille violée comme étant moi et non pas une fille du passé, une autre séparée de moi.

C'est pourtant bien plus facile de vivre ma vie en faisant comme si ce qui était arrivé ne m'était pas arrivé à moi...

Mais on ne peut pas vivre comme ça.

Quand je pense au trauma, quand j'essaie de le regarder bien en face, j'ai toujours la nausée, le dégoût, la colère, l'impression de mourir, et l'envie de mourir.

Je ne peux pas.

Le passé est mieux loin, dans un autre univers, le plus loin possible de moi.

Et pourtant, pour aller mieux il semble que la seule solution soit d'accepter.

Pouvoir dire "oui, c'est bien arrivé", mais surtout "ça m'est bien arrivé à Moi".

C'est tout sauf quelque chose de réellement facile à faire.

J'ai remarqué que je suis la seule à refuser autant mon passé.

Les personnes qui m'aiment, elles, m'acceptent entière et telle que je suis, avec ce passé.

C'est étrange.

Et significatif : je n'aime pas mon  passé, je ne l'accepte pas, donc je ne m'aime pas.

Je manque de bienveillance envers moi-même.

Les personnes qui m'entourent sont bien plus aimants envers moi que moi envers moi-même...

J'espère changer ça. Vraiment.