C’est fou comme le temps passe, et si je n’écrivais
pas, si je n’avais pas tous ces cahiers, toutes ces pages pour me le prouver,
je ne sais pas si je m’en rendrais compte.
Le temps chez moi se compte en mots, en lignes, en
encre.
Cette dernière année est, je crois, différentes de
toutes les autres.
Rythmée par mes rendez-vous avec le psychologue,
mes prises de conscience, mes petites victoires.
Rythmée par la vie qui reprend ses droits.
Comme une plante laissée pour morte, mes racines
ont peu à peu repris leurs aises, leurs droits.
Et peu à peu, je me suis mise à pousser de nouveau.
Une feuille par-ci, une feuille par-là… Et bientôt
une fleur, peut-être ?
Une année entière de grands mouvements.
Bien sûr, j’ai poussé aussi les autres années, à ma
façon et à un rythme plus lent.
Il y a un an, j’espérais encore réparation, j’espérais
encore qu’une relation amicale était possible entre mon entraîneur de hand et
moi.
Je me faisais douce, attentive, à l’écoute.
J’apprenais à taire ma colère contre lui, à l’enfouir
quelque part bien profond, pour éviter qu’elle ressurgisse entre nous.
Et puis, j’ai fini par la laisser exploser, par
accepter de lui laisser la place qu’elle méritait.
Cela a mis totalement fin à mes désirs de
réparation, mes désirs d’amitié.
Aucune possibilité de retour en arrière.
Il a fallu comprendre, définitivement, que moi je n’avais
rien à réparer, car je n’avais rien brisé.
Mais que lui avait brisé quelque chose, et que j’avais
besoin, vraiment besoin, qu’il en prenne conscience et soit tenu pour
responsable.
Un an, une explosion en cours de route, et l’apaisement
qui vient après le souffle.
Le silence après les cris de la colère, qui ne
cessait de hurler en moi depuis toutes ces années.
La plainte, comme du miel sur mon âme.
Une année entière, un cycle complet…
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