jeudi 24 octobre 2019

Jeudi 24 octobre 2019


Des morceaux éclatés, et tout autour le vide.
Voilà comment je me sens, la plupart du temps.

Je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas ce que je suis en dehors de ce que les abus sexuels ont fait de moi.

J’essaie de m’occuper, de faire des choses.
Il y a les gens autour de moi, mon mari, ma fille, mon entourage.

Mais quand je suis seule je me sens vide, une coquille vide.
J’ai l’impression que rien de ce que je fais ne me remplit, que rien ne remplira jamais ce vide.

Parfois je me sens comme au-dessus de ce gouffre et j’ai l’impression que je vais tomber.
Je sais que si je tombe, je perdrai pied, définitivement.
Si je regarde, ne serait-ce qu’une seconde de trop, je suis déjà perdue.
C’est la nuit noire là-dedans, une nuit mortelle.

Alors, avec mes morceaux éparpillés, je fais de mon mieux pour l’éviter.

Tout ce que je fais de ma vie, c’est pour ne pas tomber dans le trou.
Un trou creusé pour moi par mes abuseurs.
Peut-être qu’ils m’attendent là en bas.
Peut-être qu’il n’y a rien d’autre que la folie pure de toutes les horreurs qu’ils m’ont faites.

J’ai pleuré aujourd’hui.
Le psychologue a essayé de me montrer que j’étais quelqu’un, mais moi c’était tout ce que je voyais : le trou, le vide.
J’ai l’impression de n’être que ça. J’ai l’impression qu’il n’y a que ça.

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