Porter plainte, et après ?...
Quand j’ai porté plainte contre X pour l’abus de
mes deux ans et demi, je me suis contentée d’attendre et de me morfondre.
Plus rien ne comptait, il n’y avait que ça :
quand aurais-je des nouvelles ? Y aura-t-il une enquête ? A-t-elle
déjà commencé ?
Le temps passait et je portais de plus en plus ce
poids sur mes épaules.
C’était lourd et encombrant.
Il n’y a finalement pas eu d’enquête, la plainte a
été classée et je suis restée les bras vides et le cœur lourd.
Après le stress de la plainte, le deuil du classement…
Ne pas pouvoir mettre un nom ni un visage sur la personne qui m’avait fait du
mal.
Devoir classer le dossier, moi aussi…
Il y a deux mois, j’ai porté plainte contre mon
entraîneur de hand.
Il a abusé de ma jeunesse, abusé de mon amour pour
lui et a joué avec mon corps comme si c’était un objet sexuel.
Je porte plainte contre quelqu’un cette fois.
Quelqu’un que j’ai aimé.
La démarche était difficile et j’en ai beaucoup
souffert.
Mais cette fois, j’ai décidé de ne pas me laisser
abattre à attendre.
Ne pas porter ce poids sur mes épaules.
Ce poids, je l’ai donné à la justice, je l’ai rendu
à mon entraîneur, et j’attends qu’il le porte, qu’il prenne ses
responsabilités.
Je me sens de plus en libre.
Alors j’ai décidé de passer ce temps à attendre des
nouvelles en me renforçant mentalement et physiquement.
J’ai l’intention d’être forte.
Je ne veux plus faiblir, et surtout pas devant lui.
S’il y a une confrontation, si je dois le croiser,
le revoir, je veux pouvoir le regarder dans les yeux.
Sans tristesse, mais sans haine.
Je veux pouvoir tenir le coup, quoi qu’il arrive.
Qu’il y ait une enquête ou pas, que la plainte soit
classée ou non, qu’il soit puni ou non…
Il me faut être forte.
Je ne veux plus jamais avoir à pleurer sur tout
cela.
L’attente pour cette plainte est donc moins
difficile parce que, plus le temps passe et plus je me renforce, plus je me
sens prête à affronter tout ça.
Le temps joue pour moi, c’est un temps dont j’avais
vraiment besoin finalement.
Peut-être que porter plainte c’est un peu comme se
préparer à la guerre.
La guerre en soi, et celle au-dehors…
Il nous faut affronter nos peurs, affronter les
autres dans leur silence, qu’ils nous croient ou pas, se tenir debout devant la
justice et faire face au coupable.
Surtout lui, le coupable.
Cette nécessité de lui dire Tu vois, j’existe, tu
ne m’as pas brisée, au contraire : Je suis devenue plus forte que tout, et
même plus forte que toi…
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