Les vacances d’été s’achèvent, l’heure de la
rentrée des classes, déjà… J’ai vécu tant de bouleversements au cours de ces
deux derniers mois, je n’ai pas vu le temps passer.
Ma fille entame sa deuxième année au collège,
et je sens que cette fois je n’aurai aucune bouffée d’angoisse lorsque je
croiserai des collégiens, si je dois venir la chercher après les cours.
Parce que je suis en train de résoudre mes
problèmes, définitivement.
Même si le chemin est long, même si je ne suis
pas encore au bout, je le sais, je le sens : plus rien ne sera jamais
pareil.
Parce que j’ai porté plainte, enfin, contre mon
dernier abuseur.
Celui de mes quatorze ans, qui avait autorité
sur moi et n’avait aucun droit de faire ce qu’il a fait, celui qui a grandement
contribué à mon mal-être d’adolescente.
Celui par lequel les souvenirs des autres abus
sexuels sont revenus.
Même si je vais sans doute passer les
prochains mois dans l’attente et le stress, je sais aussi que cette plainte est
une réparation pour la jeune fille que j’étais.
Elle me regarde de ses yeux timides, toute
fière de ce que je fais pour elle.
Enfin, je l’ai prise par la main, j’ai écouté
sa colère, sa tristesse, et j’ai agi.
Malgré les angoisses, les difficultés à faire
une telle démarche, j’ai agi.
Et cette fois, contrairement à la plainte que
j’avais déposée pour ce que l’on m’a fait lorsque j’étais enfant, je ne mets
pas ma vie entre parenthèses.
Cette fois, j’arrive à ne pas m’étouffer d’angoisse.
Je ne passe pas mes journées au lit, déprimée,
à pleurer, à attendre que quelque chose se passe.
Et je ne culpabilise pas, parce que ce n’est
pas à moi de culpabiliser.
Ma vie a été suffisamment détruite, il est
temps que je vive, enfin.
Le cheminement est chaotique, heureusement que
le psychologue me tient la main, mais j’ai le sentiment que, quoi qu’il arrive
à cette plainte, je survivrai.
Parce que le plus dur pour moi c’était de
sortir du silence.
Quoi qu’il arrive à présent, je suis plus
forte d’avoir parlé, à mon entourage, à la justice. Ne serait-ce que ça…
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