vendredi 22 mai 2020

Vendredi 22 mai 2020

J’ai toujours été la bizarre, la différente, la décalée.

J’ai toujours été « cette fille-là », celle qu’on ne comprend pas, et qu’on fuit.

Parfois pointée du doigt et moquée.

 

Avant, je ne comprenais pas.

Mais maintenant je sais (et ils savent aussi) pourquoi.

 

Quand on est victime de violences sexuelles, on voit la mort de près, et la vie d’une autre manière.

On connaît plus souvent la tristesse que la joie, et cela se ressent forcément.

Cela se voit…

 

Dans notre façon d’être, ou de non-être.

Dans notre façon de vivre, ou de non-vivre.

 

Cette manière de marcher en équilibre sur le trottoir, trop près de la route, comme si nous souhaitions passer définitivement de l’autre côté (et plus d’une fois, sûrement, nous l’avons désiré).

Cette manière d’être retenu par un fil qui, à tout moment, pourrait se briser…

 

J’ai toujours été la bizarre, la différente, la décalée.

 

Cette personne que l’on devient à cause d’un traumatisme lourd, quand le froid s’abat sur nous et nous gèle de l’intérieur…

Tandis qu’on essaie désespérément de conserver la flamme et retenir sa chaleur.

 

Mais je n’ai plus honte d’être moi, et je n’ai plus envie d’avoir peur de leurs regards ou de leurs jugements.

 

Maintenant, ils savent, et peut-être qu’un jour ils comprendront.

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