jeudi 10 juin 2021

Jeudi 10 juin 2021

 

Ces dernières semaines, j’ai mal au cœur. Vraiment, physiquement mal au cœur.

 

Je sais que c’est psychosomatique.

 

Je prends un anxiolytique pour calmer mes angoisses, et quand je le prends mon cœur se « calme » : il ne me fait plus mal, du moins le temps d’action du médicament.

 

Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai mal au cœur.

Ou plutôt, j’en connais en partie les raisons, mais je sais qu’elles sont incurables.

Et pour ce qui est des autres raisons, si elles existent, je les ignore encore.

 

J’ai mal parce que, après avoir dénoncé il ne reste que le vide.

 

J’ai mal parce que j’attends trop, et que rien ne viendra.

 

J’ai mal parce que je porte mon trauma. Et je le porte trop, il est si lourd à porter.

 

J’ai mal parce que j’ai l’impression que rien n’est fait pour sauver les victimes.

Et je porte ça aussi, cette responsabilité sur mes épaules.

 

J’ai mal parce que j’attends réparation, j’attends reconnaissance.

 

Mais quelqu’un aujourd’hui m’a dit que, même si un agresseur reconnaissait ce qu’il avait fait, cela ne réparerait pas tout ce qui a été brisé.

Et, quoique douloureuse, cette constatation est vraie.

 

On attend une reconnaissance de notre statut de victime de la part de l’agresseur, de la part de la justice, de la part de l’entourage aussi.

 

On attend que les victimes soient protégées, et elles ne le sont toujours pas.

 

Peut-être que pour soigner mon cœur, je vais devoir apprendre à lâcher prise sur toutes les choses que je ne peux pas maîtriser, et porter un peu moins le poids de mon passé.

 

 

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