Ce matin, réveil étrange…
Je me réveille avec les mêmes angoisses que lorsque
j’étais adolescente.
Avec cette même saleté qui me collait à la peau.
Et, l’espace d’un instant, c’est comme si j’étais
de retour dans cette chambre, chez mes parents.
La chambre qui a été à la fois mon cocon et le
témoin de toutes mes souffrances.
Les yeux encore fermés, j’y suis de nouveau, avec l’impression
de tomber en moi-même… Tomber comme d’un précipice.
Je détestais cette sensation.
Je l’ai toujours détestée.
Se réveiller et se sentir comme poisseuse.
Vivre dans ce corps sale, ce corps lourd qui
transporte tous les traumas.
La nausée.
Et cette angoisse qui prend à la gorge, qui
étouffe.
Angoisse de vivre. Angoisse de mourir.
Je détestais ma vie.
Je détestais ce que j’étais, je me sentais
monstrueuse, laide.
Je me levais et j’avais simplement envie de mourir.
Tout, plutôt que de continuer à ressentir ça…
Le matin, il me fallait toujours un peu de temps
pour me remettre, pour ressembler à quelque chose.
Il fallait le temps d’émerger, de plaquer un sourire
sur mon visage, et faire comme si.
Mais je n’avais pas toujours le courage de faire
semblant, je n’avais pas toujours le sourire sur mon visage, car c’était trop d’énergie
à dépenser.
Trop épuisant de faire semblant de ne pas être
rongée à l’intérieur.
Déjà, être rongée me prenait beaucoup de mes forces…
Ce matin donc, réveil à 39 ans avec ces vieilles
angoisses de ma jeunesse, toutes fraîches encore, vivantes encore…
Et je me rends compte avec tristesse que, plus de vingt
ans après ça fait mal de la même façon.
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