Jeudi 04 juillet 2019

Parler, parler, dire les mots qui nous ont tués...

J'ai parlé, j'ai raconté aujourd'hui, face à un homme, pas le choix.

Les yeux plongés dans le vide, dirigés vers le sol, le mur.

Les yeux ailleurs, pour éviter la pitié, le regard gêné et désolé pour moi.

J'ai raconté ces choses, j'ai nommé ces choses.

Les mots, les mots sales.

Ça aurait pu être les mots de l'intimité, les mots de l'amour.

Mais dans ce contexte bien précis, et pour l'âge que j'avais, c'est juste du sale, du cru, du violent.

Il m'a fallu donner des détails, il m'a fallu tout dire.

Et j'ai pris conscience de tout ce que j'avais gardé pour moi depuis si longtemps.

J'ai pris conscience de la violence des choses.

Une violence que  je ne voyais pas, trop habituée de l'avoir reçue.

J'ai dit les choses comme je ne les avais jamais dites à personne.

Et je prends, une fois de plus, la réalité de plein fouet...

Oui, voilà ce qui s'est passé, voilà ce qu'on t'a fait...

Et les images reviennent.

Et les gestes, les paroles reviennent.

Et tout m'éclabousse, raz-de-marée.

Il faut digérer à nouveau.