lundi 14 décembre 2020

Lundi 14 décembre 2020

 

Hier, première vraie sortie depuis longtemps.

Nous sommes retournés là-bas.

Ça fait toujours du bien de revenir, et en même temps, ça fait toujours mal aussi.

Le cœur lourd de souvenirs. Certains souvenirs pour lesquels j’ai porté plainte.

Le souvenir du mal-être aussi.

 

Là-bas, c’est beau et en même temps ça fait mal.

Si mal.

 

Et je sais pourquoi l’automne me fait cet effet.

Il me rappelle le premier automne de ma vie après que je sois sortie de l’amnésie.

Le premier automne après ce qui s’est passé dans la voiture.

Ma « seconde » naissance, à 14 ans.

 

Je vivais enfin, je voyais les couleurs du monde comme pour la première fois.

Mais je souffrais, beaucoup. Tout était déchiré en moi.

 

Et quand l’automne me rappelle, il me rappelle cet automne-là plutôt que n’importe quel autre.

C’est toujours là que je reviens.

Beau, et douloureux. Très douloureux.

Et j’aimerais beaucoup que ça fasse moins mal, que l’automne soit juste l’automne, et rien d’autre.

 

Il y a encore cette cassure, cette fêlure, quelque part.

 

Comme cette chanson que je ne peux absolument pas écouter, pas entendre, parce qu’elle me rappelle trop.

Cette musique, insupportable. Trop de cette époque dans ces albums.

Cette chanson que je zappe tout le temps, parce que je ne peux pas. Trop de souvenirs dedans.

 

C’est comme un aimant.

Je suis à la fois attirée et repoussée.

 

J’aurais voulu ne jamais quitter là-bas, mais ça me fait du bien d’en être partie.

Je voudrais revenir plus souvent, mais ça fait mal à chaque fois.

J’ai peur de m’en éloigner. Mais rester, c’était trop.

Partir était la meilleure de toutes les décisions, et pourtant ça me manque.

 

Tout mon être est né là-bas, mais je me fabrique une nouvelle moi.

Et quelque part, j’ai encore besoin de ça.

 

Comme une plante, le soleil d’ici et l’eau d’ici je m’y fais.

Mais c’est là-bas que je suis née, et aucune terre ne sera meilleure que celle-là.

Et c’est une terre souillée, pleine de souffrance.

 

Je regrette d’être parfois obligée d’y revenir, mais je suis heureuse d’avoir une excuse pour y revenir.

 

Je voudrais que ça ne me fasse pas souffrir comme ça.

C’est ce que j’ai toujours voulu, pouvoir lâcher tout ça.

J’ai essayé de diverses façons sans y parvenir.

 

Je voudrais juste que l’automne soit simplement l’automne.

 

 

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