mardi 24 mars 2020

Lundi 23 mars 2020 Trauma, virus et confinement


Les élans de solidarité que je vois fleurir un peu partout en ce moment me dérangent.
Je me demande où sont les gens d’habitude, quand on a besoin d’eux.

Où étaient-ils, ces gens-là, pendant la cérémonie des Césars ?
Séparaient-ils l’homme de l’artiste, en disant qu’il faut enterrer les vieilles histoires ?

Où étaient-ils quand le scandale des violences sexuelles dans le sport a éclaté, en janvier ?
Disaient-ils que ces filles l’avaient sans doute voulu ou bien cherché ?

Où étaient-ils encore, en décembre dernier, quand le scandale éclatait dans le milieu littéraire ?
Racontaient-ils que c’était une autre époque, et que les mœurs ont changé ?

Où sont-ils, ces gens, quand les adultes crient leurs traumas d’enfance, quand les enfants demandent à être écoutés ?

Faut-il que nous soyons tous menacés par un virus mortel, pour que tout soit oublié et pardonné ?

Je n’ai pas envie de pardonner le silence.
Je n’ai pas envie de pardonner leurs doutes, qui profitent toujours à l’accusé.
Je n’ai pas envie de pardonner ceux qui choisissent leurs causes.

Parce qu’il est plus simple d’applaudir à sa fenêtre plutôt que d’écouter les souffrances, les traumas, plutôt que de voir la réalité en face…

Je ne me reconnais pas dans cette union qui semble nationale, mais qui ressemble à une hypocrisie.
Nous sommes, en fin de compte, toujours séparés les uns des autres…

Je me demande si le monde va vraiment changer après tout ça, comme certains le disent ou s’il redeviendra juste comme il était avant.

J’ai peur que tout retombe, comme un soufflé…
J’ai peur qu’après tout ça, chacun retourne à sa petite vie, sans plus jamais se soucier des autres, sans plus jamais tendre la main.

Et alors, quoi ? Chacun retournera à sa propre souffrance…


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