Les élans de solidarité que je vois fleurir un
peu partout en ce moment me dérangent.
Je me demande où sont les gens d’habitude,
quand on a besoin d’eux.
Où étaient-ils, ces gens-là, pendant la
cérémonie des Césars ?
Séparaient-ils l’homme de l’artiste, en disant
qu’il faut enterrer les vieilles histoires ?
Où étaient-ils quand le scandale des violences
sexuelles dans le sport a éclaté, en janvier ?
Disaient-ils que ces filles l’avaient sans
doute voulu ou bien cherché ?
Où étaient-ils encore, en décembre dernier,
quand le scandale éclatait dans le milieu littéraire ?
Racontaient-ils que c’était une autre époque,
et que les mœurs ont changé ?
Où sont-ils, ces gens, quand les adultes
crient leurs traumas d’enfance, quand les enfants demandent à être
écoutés ?
Faut-il que nous soyons tous menacés par un
virus mortel, pour que tout soit oublié et pardonné ?
Je n’ai pas envie de pardonner le silence.
Je n’ai pas envie de pardonner leurs doutes,
qui profitent toujours à l’accusé.
Je n’ai pas envie de pardonner ceux qui
choisissent leurs causes.
Parce qu’il est plus simple d’applaudir à sa
fenêtre plutôt que d’écouter les souffrances, les traumas, plutôt que de voir
la réalité en face…
Je ne me reconnais pas dans cette union qui
semble nationale, mais qui ressemble à une hypocrisie.
Nous sommes, en fin de compte, toujours séparés
les uns des autres…
Je me demande si le monde va vraiment changer
après tout ça, comme certains le disent ou s’il redeviendra juste comme il
était avant.
J’ai peur que tout retombe, comme un soufflé…
J’ai peur qu’après tout ça, chacun retourne à
sa petite vie, sans plus jamais se soucier des autres, sans plus jamais tendre
la main.
Et alors, quoi ? Chacun retournera à sa
propre souffrance…
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