Les gens ignorent ce qui se passe en coulisse
lorsque nous sortons du silence.
D’abord, il y a tout le temps que ça nous a pris
pour enfin relever la tête, regarder le monde les yeux dans les yeux et nommer
enfin les choses…
Et puis, parler ranime le traumatisme.
A l’intérieur,
tout bouillonne et remue, à nouveau.
Même si nous donnons l’impression d’aller bien ou d’aller
mieux… Car en réalité nous ne faisons que repousser du pied la honte et la peur
pour pouvoir rester debout.
Rester debout à tout prix, face aux réflexions, aux
attaques.
Ou face au silence de ceux qui savaient mais ne
donneront jamais d’explications.
Et puis il y a les innocents, ceux qui n’ont rien vu
et qui sont restés en lien avec l’agresseur sans jamais se douter… Ceux-là que
la bombe éclabousse au passage, malheureusement.
Cette nouvelle peur qui s’ajoute aux anciennes, de les
voir souffrir à cause de nous.
En vrai, pas « à cause de nous », mais
bien par la faute de ce que nous a fait l’agresseur...
Mais ça encore, c’est à nous que ça fait mal, doublement
blessé d’être le porteur de mauvaises nouvelles…
Toutes ces raisons qui nous ont poussées à ne rien
dire pendant des années, et à laisser la bombe exploser en nous plutôt qu’au-dehors…
Parce que nous savions que parler ferait mal à l’extérieur.
Mais si nos révélations sont difficiles à entendre,
elles sont aussi nécessaires à dire.
Terriblement nécessaires.
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