On passe sa vie à se cacher et à ne pas se raconter.
On ne montre jamais quand on va mal, ou le moins possible.
Pour éviter les questions sur ce qui nous déprime.
On ne montre pas, on ne dit pas, on ne se livre pas.
Et quand on le fait, on a peur du jugement, du rejet, peur de ne plus être aimé.
Peur de ne pas être cru.
On garde les autres loin, le plus possible de nous. On les tient à distance.
On ne leur permet pas de deviner, de lire sur notre visage, dans nos mots ou dans nos gestes.
On n’accepte pas la proximité, on repousse l’amitié ou l’amour…
La peur d’être déçu et de souffrir encore.
La peur d’être sale et de salir l’autre.
La peur d’être aimé alors qu’on ne se sent pas aimable.
On fait tout notre possible pour ne pas se faire remarquer.
Surtout ne pas être vu, ne pas être lu.
On vit comme en ermite, sans en avoir conscience.
Trop habitué à l’isolement, à se sentir différent, incompris, délaissé.
On vit dans le mensonge, sans pour autant avoir l’impression de mentir.
C’est plutôt comme une omission de vérité.
Quand on sort du silence, on se rend compte que, plus nous sommes vrais avec les gens, et plus nous pouvons être proches d’eux.
Raconter ce qui nous est arrivé abolit les distances entre nous et le monde.
On sort de la grotte.
C’est comme naître à nouveau.
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