mercredi 9 septembre 2020

Mercredi 09 septembre 2020

 Être victime de viol c’est devoir rendre des comptes à tout le monde.

Prouver qu’on ne ment pas.

Prouver qu’on dit la vérité.

                    

Devoir répondre à des questions très saugrenues comme « Vous êtes sûre que ce n’était pas dans votre tête ? »

Non, ce n’était pas dans ma tête, je sais ce que j’ai vécu, merci.

 

Oui, c’était réel… Mais bombardez-moi encore avec vos questions, je sais prendre les coups, j’ai bien appris…

 

On ne peut rien dire face à ce débordement.

On doit se montrer disponible, coopérer, être là.

Sinon le doute subsiste, le doute opère, et le risque qu’il profite à l’accusé n’est jamais loin.

 

On doit rendre des comptes à tout le monde, mais personne ne nous rend de comptes à nous.

 

Ils semblent tous oublier que, si nous n’étions pas sorti du silence, le violeur aurait continué sa vie comme si de rien était. Il aurait continué à détruire des vies.

 

Ils semblent tous oublier qu’on en a déjà pris plein la gueule, et qu’on parle justement pour que ça s’arrête, pas pour que ça continue.

 

Traités comme de potentielles coupables, alors que le violeur lui, sera protégé, choyé, car potentiellement innocent.

Après tout, on n’en sait rien, c’est parole contre parole… Et le traumatisme, qu’est-ce que vous en faites ?

 

Le traumatisme, c’est pas juste des paroles, c’est un flingue planté sur nous en permanence, toutes les balles qu’on reçoit sont réelles… Vos questions le réveillent. Vos doutes le réveillent.

 

Et alors on croit que parler arrange la situation, on nous dit que c’est mieux, qu’il faut le faire, mais il y a toute cette période au cours de laquelle on a surtout l’impression que ça l’aggrave… Pour nous, en tout cas.

 

Pas de pause.

 

Tant que le violeur n’a pas avoué, tant que rien n’a été prouvé, la victime est considérée à la fois comme accusatrice et accusée…

Elle doit endosser tous les rôles.

Et en serrant les dents, surtout, pour ne pas passer pour une hystérique.

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