vendredi 6 décembre 2019

Vendredi 06 décembre 2019




Je me rends compte que je ne suis pas une personne. Je suis une tour de contrôle.
Je suis peut-être adulte, mais j’ai grandi par accident, par nécessité.

Je suis celle du dehors, celle qui doit garder la tête froide, celle qui supervise.
Je suis celle qui fait avec ses bouts de ficelle, qui gère au  jour le jour.
J’interagis socialement avec le monde, et je contrôle mes émotions et pensées internes.

En dehors de leur souffrance, les autres parties de moi ont cette innocence, cette folie, cette insouciance que je ne peux pas me permettre d’avoir : il y a trop de choses à gérer.
Le monde des adultes est ennuyeux et froid, c’est leur vision des choses.
Et la mienne aussi, mais je ne peux pas tout leur autoriser.
Je décide ce qu’il est socialement acceptable de faire ou non, pour une femme de mon âge.
Mon corps vieillit, pas mon esprit, cela crée un fossé entre moi et le monde extérieur, un fossé qui s’agrandit d’année en année.

Je contrôle tout, les émotions qui veulent monter dans mon ventre, je verrouille, je verrouille pour éviter d’être submergée.
Je contrôle mon corps parfois pendant les relations sexuelles pour éviter d’avoir des flash-back.
Beaucoup moins maintenant, peut-être.
Mais ça arrive encore, quand je suis stressée, angoissée, que j’ai peur. Quand je sens que ça pourrait monter, revenir.

Quand je suis fatiguée aussi.
Parce que quand je suis fatiguée, je contrôle moins bien les choses.

Je contrôle tellement que, pendant le yoga, je dois me forcer à ressentir ce qui se passe à l’intérieur, les muscles qui bougent, le corps qui s’étire. Sinon je ne ressens rien et je ne comprends pas, je fais les gestes mécaniquement sans chercher plus loin.

Parfois, je plie, je laisse passer certaines émotions ou certains comportements, je laisse faire, j’autorise, ou  bien je n’ai pas le choix.
Ça me tiraille à l’intérieur, ça gronde, je ne peux pas lutter tout le temps ni gérer tout le temps tout.



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