mercredi 29 juillet 2020

Mercredi 29 juillet 2020

On nous dit parfois que notre colère est puérile, que nous ne devrions pas nous enfoncer dans le ressentiment et que nous devrions pardonner…

 

Mais notre colère est légitime, et bien éloignée de toute puérilité.

Elle participe à notre survie, elle nous aide à nous relever.

 

Le tout est d’apprendre à l’exprimer sainement et sans violence.

Sans la retourner contre soi-même, ni contre nos proches, ni contre d’autres personnes qui ne nous ont rien fait.

 

On sera en colère le temps qu’il nous sera nécessaire, et personne n’aura à nous juger sur ce sujet.

 

Certains confondent colère et caprice, et nous traitent comme des personnes capricieuses.

Non, il ne s’agit pas d’un caprice… La colère est l’expression d’une souffrance qui doit être écoutée.

 

Demande-t-on à une victime de cambriolage de cesser d’être en colère pour apprendre à pardonner, lui demande-t-on de comprendre le geste et les raisons qui ont poussé le cambrioleur à agir comme il l’a fait ?

Demande-t-on à une victime d’attentat d’entrer en empathie avec les criminels ?

Demande-t-on à toutes ces personnes qui expriment des colères de cesser leurs pleurnicheries ?

Non, mais on le demande aux victimes de viol.

 

Une victime de viol en colère est considérée comme une hystérique qui ne sait pas passer à autre chose, qui a perdu toute logique et ne sait pas pardonner…

Or la colère n’empêche pas de guérir car au contraire, elle est elle-même une étape nécessaire pour aller vers la guérison.

 

Mais une victime qui exprime sa colère ne sera pas écoutée.

On lui conseillera d’apprendre à se calmer, on lui demandera de passer à autre chose…

 

Parce qu’il est plus facile de se tourner vers la victime pour la culpabiliser de ses propres ressentis, plutôt que de se tourner vers les vrais coupables afin de leur demander des comptes…

 

Il est plus facile de se voiler les yeux, demander aux victimes de taire leur colère, plutôt que d’accepter la réalité des violences sexuelles.

 

Parce que c’est de cela au fond, qu’il s’agit : une victime qui n’exprime aucune colère, qui n’exprime rien, est silencieuse.

Et ce silence, pour beaucoup de personnes, est préférable à nos cris.

 

Des cris qui signifient que nous existons, que la violence sexuelle existe, et qu’il faut faire quelque chose… Des cris qu’ils seraient obligés d’entendre et de prendre en considération…

 

N’ayons pas honte de notre colère.

Continuons de la crier sur tous les toits.

Ils finiront bien par nous écouter.

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