vendredi 3 juin 2022

Vendredi 03 juin 2022

 

Je suis désolée de dire ce que je vais dire, mais c’est la vérité.

 

La vie n’a pas plus de sens après avoir parlé qu’avant.

 

C’est toujours le même foutu trauma, et la même foutue vie.

Avec, en plus, le trauma de s’être battue pour faire entendre sa voix.

 

Je ne sais pas ce que j’imaginais.

 

Peut-être que je pensais qu’une fois l’histoire racontée, sortie de moi, le trauma s’évaderait pour vivre sa propre vie, ailleurs, et le plus loin possible.

 

Peut-être que je pensais qu’affronter l’agresseur me rendrait plus forte, plus sûre de moi.

 

Mais c’est faux.

Je suis la même personne dans le même corps, et si l’agresseur est vaincu, le trauma est loin de l’être.

 

Alors, à quoi m’a servi tout ça ?

J’espère qu’un jour j’aurais la réponse.

 

Souvent j’ai lu des livres qui, en somme, racontaient cette histoire : mon agresseur m’a violée, j’ai souffert, je suis allée en justice, et depuis je vais mieux, j’ai pu reprendre le cours de ma vie…

 

Les livres se terminent toujours sur une note positive du genre, « voilà une page de mon histoire qui se tourne, enfin ».

 

Et les livres mentent.

Parce que le trauma te renvoie toujours à la même page, bien que tu essaies de changer.

 

Moi, je voulais savoir ce qui se passe après. J’ai vu.

Pour l’instant, je ne vois rien d’autre que le néant.

 

Ce n’est peut-être qu’une phase, ce n’est peut-être rien dans ce qui m’attend réellement pour l’avenir.

Car après tout, je n’ai plus à avoir peur de me cacher. Je n’ai plus à faire semblant d’être ce que je ne suis pas.

 

J’ai crié au monde que je suis une fille violée, et la grande avancée c’est que je peux enfin m’autoriser à être moi-même. Avec mes souffrances, avec mes cicatrices.

 

Je voulais n’écrire rien de déprimant, pour ne tirer personne vers le bas.

Mais je ne peux pas, et je veux dire la vérité.

 

 

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