Qu’est-ce qu’on fait après avoir passé l’essentiel de
sa vie à lutter contre des traumas ?
Comment on fait, quand on se réveille à 40 ans, 50
ans, 60 ans, après avoir détaché les boulets qui nous retenaient aux pieds ?
Qu’est-ce qu’il nous reste comme vie à vivre, après ça
?
Est-ce qu’on peut faire des projets ?
Et lesquels ?
Alors que tout le reste de notre vie nous est passé
sous le nez. A cause de nos peurs, de nos angoisses, à cause des flash-back, du
mal-être et parfois l’envie de mourir…
Est-ce qu’on peut reprendre le cours de la vie, d’une
manière normale, comme si on pouvait de nouveau tout se permettre ?
S’offrir une deuxième jeunesse, peut-être ?
Alors que notre jeunesse, la vraie, n’existe plus et
n’existera jamais plus...
Comment repartir, faire redémarrer le moteur, sans
avoir l’impression d’une vie entière gâchée ?
Il faut faire le deuil de ça, aussi…
J’ai envie de faire mille et une choses, comme si
j’avais encore 15 ans. Envie de reprendre le cours de ma vie à partir de là où
elle s’est arrêtée.
Mais je n’ai plus 15 ans... J’en ai 42 à présent.
Je sais que ma vie ne s’est pas envolée, n’est pas
partie en fumée.
Je sais que j’ai fait des choses, quand même.
Et tout ce que j’ai fait, c’était pour arriver à ce
moment de ma vie.
Ce n’était pas du temps gâché.
Pourtant, si ma vie n’avait pas été faite de traumas,
j’aurais pu la passer à faire mille autres choses.
J’aurais pu la passer à vivre, plutôt qu’à lutter.
Ce temps perdu, personne ne nous le rendra.